Le marché du cloud représente 15 milliards de livres sterling (17,2 milliards d’euros) au Royaume-Uni. Comme en Union européenne et dans le monde, il est largement dominé, à 81 %, par les trois grands acteurs américains que sont Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud. L’Office of communications (Ofcom), chargé de réguler les télécommunications du pays, a révélé le 22 septembre son intention de lancer prochainement une enquête sur le sujet.

Amazon, Microsoft et Google bloquent-ils la concurrence sur le cloud ?

L’étude doit commencer dans les prochaines semaines et devrait durer un an. L’Ofcom, a expliqué travailler étroitement avec la Compétition and Markets Authority (CMA), l’autorité antitrust britannique. Son objectif est simple, déterminer si la domination des trois géants américains est susceptible de limiter l’innovation, la croissance ou l’émergence de nouveaux acteurs sur le marché du cloud computing.

La situation du marché sera étudiée, les pratiques commerciales et d’éventuelles conditions contractuelles pouvant être déloyales. Les acteurs du cloud vont être sollicités, selon le Wall Street Journal, Microsoft a déjà annoncé qu’il collaborerait.

Selina Chadha, directrice de la connectivité au sein de l’agence, a expliqué que l’Ofcom cherche « à identifier tout problème de concurrence et à nous assurer qu’ils [les marchés] fonctionnent bien pour les personnes et les entreprises qui en dépendent ».

La responsable de l’autorité britannique constate qu’alors que les plateformes ne cessent de devenir plus nombreuses, les problèmes technologiques et économiques suivent la même tendance.

L’Ofcom appuie son enquête sur une loi de 2002, l’Enterprise Act. Ce texte lui laisse toute la latitude pour son travail. L’agence espère proposer des solutions à l’issue d’un travail qui devrait durer douze mois. Elle a la possibilité de saisir la CMA, faire appliquer la réglementation sur la concurrence, soumettre de nouvelles règles au gouvernement britannique…

Le Royaume-Uni sévit aussi contre les géants du numérique

L’Ofcom a déjà promis que sa démarche sur le marché du cloud n’est qu’une première étape. Les applications de communication, WhatsApp, FaceTime, Zoom… seront également scrutés à partir de 2023, puis ce sera au tour des haut-parleurs intelligents comme Écho Amazon, Nest de Google, HomePods d’Apple…

Depuis sa sortie de l’Union européenne, le Royaume-Uni s’est montré très actif dans le domaine de la régulation des géants du numérique. La CMA a ouvert plusieurs investigations, notamment contre Apple et Google pour leur duopole présumé sur les logiciels pour smartphone.

Une loi, « Online safety bill », sur la sécurité en ligne, est en préparation pour renforcer les pouvoirs de l’Ofcom. Elle devait être définitivement adoptée avant l’été, mais elle a été repoussée pour des considérations de calendrier. Selon le Guardian, Michelle Donelan, secrétaire à la Culture, a assuré qu’elle ne serait pas abandonnée, simplement un peu modifiée. Elle devrait conforter l’Ofcom comme la deuxième locomotive antitrust sur le numérique, au côté de la CMA.