Les dirigeants d’Amazon, Andy Jassy et Jeff Bezos, vont bel et bien devoir comparaître dans le cadre d’une enquête menée par la Federal Trade Commission (FTC) sur les abonnements Prime. Cette décision de l’agence fédérale chargée d’appliquer le droit à la consommation démontre qu’elle compte tenir tête au géant de l’e-commerce.

Amazon a déposé plainte

En mars 2021, la FTC a lancé une enquête sur le programme Prime d’Amazon, et plus particulièrement à propos des processus d’inscription et d’annulation à l’abonnement. Elle cherche ainsi à déterminer si Amazon trompe les utilisateurs pour qu’ils s’inscrivent à Prime, tout en omettant de fournir un moyen simple d’annuler et d’éviter les frais récurrents qui se renouvellent automatiquement. Pour rappel, Prime possède plus de 200 millions d’abonnés à travers le monde.

Au mois de juin dernier, la FTC a décidé d’accélérer son enquête pour l’élargir à d’autres abonnements proposés par Amazon comme Audible, Amazon Music ou encore Kindle Unlimited, et a également demandé à ce que les dirigeants de la firme témoignent. En août, cette dernière a riposté en déposant une plainte à l’encontre de l’agence, affirmant notamment que les demandes d’information et de témoignage des cadres supérieurs étaient trop larges et trop lourdes.

Amazon a expliqué que le fait de témoigner serait bien trop contraignant compte tenu de l’emploi du temps de ses deux cadres, et qu’ils n’étaient en aucun cas liés aux processus d’abonnements d’Amazon Prime. La société a même accusé le personnel de l’agence de harcèlement envers Jeff Bezos, le fondateur de l’entreprise, et son PDG, Andy Jassy.

La FTC ne cède (presque) pas

Dans une ordonnance rédigée par la commissaire républicaine Christine Wilson, la FTC estime qu’Amazon n’a pas suffisamment prouvé que le calendrier de ses dirigeants était trop contraignant pour qu’ils comparaissent, rejetant donc les demandes de l’entreprise. Malgré tout, elle leur a accordé plus de temps de préparation avant le témoignage, en plus de permettre aux témoins de choisir leurs propres avocats, mis à part en cas de conflit.

Un paquet Amazon

La FTC cherche à savoir si Amazon trompe les consommateurs avec son processus d’abonnement à Amazon Prime, qui comprend notamment la livraison rapide. Photographie : ANIRUDH / Unsplash

De son côté, Amazon se montre particulièrement irritée par les agissements de la FTC, affirmant que l’agence a « aggravé la situation » en faisant prendre de l’ampleur à l’enquête. Interrogé par le Wall Street Journal, un porte-parole de l’entreprise a déclaré que la société était « déçue mais pas surprise que la FTC ait largement refusé de se prononcer contre elle-même ».

Il a également expliqué qu’Amazon avait coopéré avec l’enquête de la FTC depuis le début et lui avait déjà fourni des dizaines de milliers de pages de documents. « Nous restons préoccupés par le fait que les dernières demandes sont trop larges et inutilement contraignantes, et nous allons explorer toutes nos options », a-t-il continué. Pour l’heure, il faut donc s’attendre à ce qu’Andy Jassy et Jeff Bezos soient appelés à témoigner malgré les véhémences de l’entreprise.

Amazon et la FTC en plein bras de fer

La situation reflète le bras de fer que se livrent les deux entités. Depuis 2020, la FTC est en effet présidée par Lina Khan, fervente opposante aux géants technologiques. Lorsqu’elle était encore étudiante en droit en 2017, elle a publié un rapport fustigeant le monopole exercé par Amazon ; l’entreprise a d’ailleurs tenté de se protéger de Khan en exigeant qu’elle ne puisse pas traiter les affaires antitrust la concernant, car son opinion serait biaisée.

En plus de Prime, la FTC s’intéresse également aux dernières acquisitions d’Amazon, les rachats de One Medical et d’iRobot, et pourrait demander à les bloquer après ses enquêtes.