La Chine cherche à sortir de sa dépendance à son quatuor Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi (BATX). L’Empire du Milieu souhaite un développement des petites et moyennes entreprises pour mieux s’implémenter au niveau international et relancer son économie. Jeudi 8 septembre, Pékin a listé 8997 entreprises considérées comme des « Little Giants » qui bénéficieront de traitement financier privilégié.

De BATX aux « Little Giants »

Depuis fin 2020, la Chine a serré les boulons sur les GAFA chinois (BATX). Le premier impact anti-monopole en 2021 était pour Alibaba, avec une amende de 2,3 milliards d’euros soit 4 % du chiffre d’affaires de la firme d’e-commerce en 2019. Les différentes enquêtes menées, amendes infligées, et nouvelles régulations appliquées aux géants chinois ont provoqué des licenciements à tour de bras. Chez Alibaba, Tencent, Huawei… des dizaines de milliers de personnes ont perdu leur emploi.

Face à cela, l’arrivée des « Little Giants » est nécessaire au marché chinois qui compte 1 jeune urbain sur 5 au chômage. Les entreprises seront poussées à recruter des jeunes diplômés et à fortifier le marché de l’emploi en Chine.

Les « Little Giants » : nouveaux privilégiés en Chine ?

Lors du sommet des “Little Giants », le jeudi 8 septembre à Nanjing. Xi Jinping a affirmé que les entreprises listées bénéficieront d’avantages fiscaux, dévoile le South China Morning Post.

Les « Little Giants” ou petits géants en français sont des petites ou moyennes entreprises, souvent méconnues, qui possèdent des compétences uniques dans des secteurs clés, notamment les semi-conducteurs, l’innovation technologique, l’énergie et les minéraux. Les sociétés devront consacrer au minimum entre 27% et 30 % de leurs effectifs à des activités de recherche et de développement.

Lors du sommet, les rapports financiers ont montré que les sociétés avaient un bénéfice en moyenne de 40 millions de Yuan (5,7 millions d’euros) en 2021. En temps normal, les petites entreprises ont un bénéfice annuel trois fois moins élevé.

Les sociétés présentes dans cette liste pourront bénéficier d’une réduction d’impôts, de politiques de recrutement favorables et de prêts généreux de la part des gouvernements fédéraux et provinciaux. Avec ces 8 997 entreprises, la Chine établit déjà 90 % de son objectif de compter et identifier 10 000 sociétés de ce type d’ici 2025.

Ralentissement des régularisations

La Chine semble vouloir étendre sa puissance technologique en multipliant les fleurons nationaux. L’annonce des « Little Giants » arrive quelques semaines après l’interdiction des États-Unis d’exporter des puces d’intelligence artificielle vers la Chine, par peur d’une utilisation militaire. Une énième restriction poussant la Chine à se replier sur elle-même.

Lassée de devoir compter sur quatre géants qu’elle a largement soutenu à leurs débuts, la préférence est désormais aux plus petites structures, et en plus grand nombre. Sur le plan international, c’est tout le soft power chinois qui pourra s’appuyer sur une multitude d’entreprises innovantes. Plus nombreuses, il sera également plus complexe pour les autorités américaines ou européennes de les identifier, et donc de les sanctionner.

Localement, c’est un marché de l’emploi malmené par les vagues de régulation à répétition qui devrait pouvoir reprendre son souffle. L’Empire du Milieu pourrait ainsi compter sur des milliers de sociétés en forte croissance, réparties dans tout le pays, et non plus concentrées sur les grandes agglomérations.

Xi Jinping a évidemment en tête la date du 16 octobre. Le vingtième congrès du Parti Communiste Chinois nommera les grands chefs de la nation. L’annonce des « Little Giants » devrait renforcer la position et les arguments du président, candidat à sa troisième réélection. Événement qui pourrait s’avérer purement symbolique depuis qu’il a supprimé la limitation des deux mandats maximum.