Vendredi 16 septembre, le groupe Bouygues et RTL, ont annoncé à l’AFP qu’ils abandonnaient le projet de fusion de TF1 et du groupe M6. Suite à l’audition par l’Autorité de la concurrence les 5 et 6 septembre, les concessions demandées ont été jugées trop importantes.

Le rêve du grand groupe français face à Amazon, Netflix… échoue

L’audition du 5 et 6 septembre par un Collège de l’Autorité de la concurrence a révélé deux visages bien distincts. D’un côté, les groupes de télévision voulant monter un empire de sept chaînes (TF1, M6, TMC, Gulli, LCI et TF1 Séries) pour faire face aux évolutions de Netflix et Amazon. D’un autre côté, l’Autorité de la concurrence préférant soulever le problème des tarifs de la publicité, en évoquant les problèmes concurrentiels d’une fusion avec des enjeux de plus de 70 % des recettes publicitaires provenant de la télévision, et 35 % de l’audience totale.

TF1 regrette le manque de projection de l’Autorité de la concurrence. L’instance ne verrait que l’état du marché publicitaire actuel et ne verrait pas les incursions d’Amazon sur le marché du direct avec les événements sportifs comme la Ligue 1 et Roland-Garros. Le marché publicitaire toucherait toutes les plateformes des GAFA, YouTube, Instagram, Facebook, ou même TikTok.

L’Autorité ne voit pas de concurrence suffisante pour TF1-M6

Dans une interview pour Les Echos, le président de l’Autorité de la concurrence, Benoît Coeuré, révèle plusieurs points de l’audition. La hausse des tarifs publicitaires aurait été trop élevée pour le marché, a estimé le Collège. Même si l’instance a salué la demande de Bouygues de vouloir séparer les régies publicitaires, le problème proviendrait du fait que les revenus soient perçus par le même acteur. La régie publicitaire, divisée, serait seulement « virtuelle ».

La pression concurrentielle des acteurs du numérique serait insuffisante pour un accord de cette ampleur. Selon le président de l’Autorité de la concurrence, la télévision gratuite permet de toucher un public familial de grande ampleur au même moment. Les événements sur les plateformes numériques ne sont pas assez nombreux en rapport au « nombre de téléspectateurs présents en même temps autour d’événements fédérateurs, séquencés et souvent en direct » affirme Benoît Coeuré.

D’après l’instance, TF1 et M6 s’autosuffisent. Ils sont des « champions français » de la télévision. Les deux entreprises vont financièrement bien en se conformant à leurs rapports. Tout de même, les deux groupes ont un sentiment de regrets, ils iront dans les négociations jusqu’à vouloir abandonner Paris Première de l’arrangement. L’Autorité de la concurrence propose de faire au minimum une cession de la chaîne TF1 ou de M6. Proposition qui sera la goutte d’eau pour Bouygues.

Amazon pousse avec Prime Video la diffusion de contenu sportif. Netflix proposera dans les prochains mois un abonnement moindre avec de la publicité intégrée. De son côté, l’Autorité de la concurrence ne semble pas vouloir entacher l’organigramme de la télévision française aux dépens de la montée des grands groupes américains. S’ils ne diffusent pas (encore) sur des canaux de télévision, force est de constater que la consommation de films, séries, et événements sportifs se porte vers les plateformes. Situation qui pourrait s’aggraver avec le temps, laissant entrevoir un possible regret de cette non-fusion.