Une fois de plus, la fusée Space Launch System (SLS) de la NASA n’a pas été en mesure de prendre son envol pour propulser la capsule Orion en orbite lunaire. Pour la deuxième fois dans la même semaine, l’agence spatiale a en effet dû annuler le lancement de la mission Artemis I lors de la dernière ligne droite à cause d’un problème technique.

Que s’est-il passé ?

Le lundi 29 août, la NASA a reporté le décollage de sa fusée à cause de la panne de l’un de ses quatre moteurs, car une procédure permettant de le refroidir n’a pas pu être menée à bien. Ce samedi 3 septembre, c’est à un autre problème que les équipes de l’agence spatiale américaine ont dû faire face, comme l’explique cette dernière dans un billet de blog :

« Lors de la tentative de lancement d’aujourd’hui, les ingénieurs ont constaté une fuite dans une cavité située entre les plaques côté sol et côté fusée entourant une conduite de 8 pouces utilisée pour remplir et évacuer l’hydrogène liquide de la fusée SLS. Trois tentatives de remise en place du joint ont été infructueuses. Au cours d’une phase initiale des opérations de chargement de l’hydrogène appelée “chilldown”, lorsque les contrôleurs de lancement refroidissent les conduites et le système de propulsion avant de faire couler de l’hydrogène liquide super froid dans le réservoir de la fusée à moins 217 degrés C, une commande a été envoyée par inadvertance qui a temporairement augmenté la pression dans le système. Bien que la fusée soit restée en sécurité et qu’il soit trop tôt pour dire si la hausse de la pression a contribué à la cause de la fuite du joint, les ingénieurs examinent la question ».

Tandis que les équipes pouvaient tenter de lancer le SLS à nouveau cette semaine, elles préfèrent ramener le lanceur dans son usine d’assemblage afin d’étudier le problème bien plus en profondeur, repoussant un éventuel lancement au
17 octobre 2022, minimum.

Souvenir de l’été 90

Comme le souligne le Wall Street Journal, c’est loin d’être la première fois que la NASA rencontre un problème avec l’hydrogène liquide qu’elle utilise comme carburant, combiné à de l’oxygène liquide. Si ses bienfaits ne sont plus à prouver, l’hydrogène liquide représente tout de même des risques. Bien qu’il soit léger et brûle à très haute température, ce qui en fait un propergol efficace à utiliser aux différents stades d’un lancement de fusée, il est aussi incroyablement minuscule et a tendance à échapper aux efforts déployés pour le contenir facilement.

D’ailleurs, ce n’est pas pour rien si SpaceX a décidé de ne pas exploiter ce carburant pour ses moteurs Raptor, mais plutôt un mélange d’oxygène liquide et de méthane liquide, qui assure « la meilleure combinaison de haute efficacité et de facilité d’utilisation », selon Elon Musk. L’entreprise de Jeff Bezos, Blue Origin, va elle aussi se rabattre sur le méthane liquide pour son futur lanceur lourd New Glenn.

Il faut savoir que les quatre moteurs utilisés sur le SLS proviennent des navettes spatiales. Or, en 1990, les équipes du Centre spatial Kennedy ont dû faire face à une fuite d’hydrogène qui a cloué au sol la flotte de navettes de la NASA pendant ce qui a été baptisé « l’été de l’hydrogène ». Il est toutefois important de noter que si le programme Artemis prend encore du retard, il est compréhensible que la NASA ne prenne aucun risque, tant le SLS lui a coûté cher.

La navette spatiale au moment de son lancement.

Les moteurs du SLS, alimentés notamment par de l’hydrogène liquide, ont déjà été exploités sur les navettes spatiales. Photographie : Pexels

L’avenir des fusées de la NASA s’assombrit

En outre, les quatre tests complets de la fusée qui ont eu lieu entre les mois d’avril et de juin 2022 se sont soldés par un problème technique. Le pré-lancement du SLS permet ainsi à la NASA d’ajuster des paramètres qui n’ont pas pu être vérifiés dans leur intégralité au préalable, ce qui explique les différents reports de décollage.

Ces difficultés posent néanmoins des questions sur l’avenir des lanceurs de l’agence spatiale américaine, et il est légitime de se demander si le SLS est bel et bien la dernière fusée de la NASA, d’autant plus avec le développement de Starship par SpaceX, qui a été choisi en tant qu’alunisseur pour le programme Artemis.

Pour rappel, la mission Artemis I consiste à tester le SLS ainsi que la capsule Orion qu’il propulsera et qui, par la suite, transportera des astronautes jusqu’en orbite lunaire. Au total, la mission devrait durer 42 jours, contre 10 pour Artemis II, mission habitée prévue, pour le moment, pour 2024.