ByteDance, propriétaire de TikTok et de sa version sœur Douyin, est la licorne la plus valorisée du monde avec un chiffre d’affaires estimé à 300 milliards de dollars. L’introduction en Bourse, la suite logique de l’évolution de la société pékinoise créée il y a 10 ans, pose toujours problème dans un contexte réglementaire et économique plus incertain que jamais.

Un contexte particulièrement défavorable

Fin 2020, ByteDance se demandait où s’installer, plutôt la bourse de Hong Kong ou New York ? Ça, c’était avant la reprise en main sévère du secteur numérique en Chine. Soucieux de ne pas irriter des autorités, désormais beaucoup plus scrupuleuse sur la gestion des données personnelles, ByteDance a décidé de faire profil bas et remiser ses rêves de marché.

Cette politique prudente est toujours à l’œuvre. Selon le South China Morning Post, la nouvelle directrice financière de l’entreprise, arrivée en avril d’un cabinet d’avocat international, l’a réaffirmé à l’occasion d’une réunion interne en présence des plus hauts cadres de l’entreprise. Ses salariés pourront en profiter. Depuis 2017, ByteDance propose deux fois par an des programmes de rachat d’actions par ses salariés. 30 000 des 110 000 employés pourront déposer des options pour acquérir des titres à 155 dollars.

L’abandon en catimini des projets d’introduction en Bourse en 2021 a surtout été motivée par la crainte des autorités, désormais le contexte économique joue également. Le chiffre d’affaires de ByteDance serait sur une dynamique négative. Il afficherait 100 milliards de dollars de moins que lors de son apogée. En tout juste un an, le prix des actions proposées aux employés a baissé de 20 %, de 195 dollars à 155.

Liang Rubo, PDG de l’entreprise depuis 2021, a fait part d’une certaine inquiétude lors de la même réunion. Celui qui a remplacé Zhang Yiming, son ami et fondateur du groupe pour la gestion quotidienne, a prévenu qu’il fallait réduire les investissements dans les activités non essentielles. Il faut entendre par là les secteurs aux résultats décevants.

Depuis que la Chine a interdit le soutien scolaire privé à but lucratif, cette activité est abandonnée par ByteDance. Le créateur de TikTok s’intéresse désormais grandement à la santé. Il a récemment acquis Amcare Healthcare, le plus grand réseau d’hôpital privé en Chine.

ByteDance n’est pas la seule entreprise dans la panade !

L’absence de la société pékinoise de la bourse mise à part, ByteDance ne détonne pas des autres géants du numérique en Chine. La répression réglementaire, la politique zéro covid et la situation économique morose du pays l’affectent au même titre que les autres.

Lors de ses derniers résultats trimestriels, Tencent a été contraint d’annoncer une baisse de son chiffre d’affaires, une première depuis 2004. Alibaba a pu éviter les pertes, mais n’est pas dans la meilleure forme non plus. Le discours tenu par Liang Rubo est très similaire à celui du PDG et fondateur de Tencent, Pony Ma. Les temps sont durs pour champions technologiques chinois.