En Chine, les autorités veulent désormais que les constructeurs automobiles obtiennent une licence pour collecter des données géographiques à l’aide des capteurs se trouvant sur leurs véhicules intelligents. Une décision qui pourrait mettre des bâtons dans les roues des entreprises étrangères opérant dans ce secteur, à l’instar de Tesla.

Une licence obligatoire

Il s’agit d’une clarification de la loi chinoise sur la cartographie. Elle impose donc à tous les constructeurs et développeurs de logiciels de conduite autonome d’obtenir une licence de cartographie pour pouvoir opérer dans le pays. Cette demande doit être faite auprès d’une société agréée pour collecter, stocker, transformer et traiter les données géographiques, selon un communiqué du ministère des Ressources naturelles cité par Reuters.

La cartographie est un élément essentiel pour les véhicules intelligents ou autonomes, ces derniers doivent en effet collecter de grandes quantités de données géographiques afin de créer des cartes de haute précision, essentielles pour une navigation précise et sûre. Le journal officiel du ministère a ainsi déclaré que le développement rapide de l’industrie chinoise des véhicules intelligents et connectés signifiait qu’une « ligne de fond de sécurité » devait être établie pour les « coordonnées de haute précision en temps réel, les images haute définition et autres supports de données » dont elle est fortement dépendante, continue l’agence de presse.

Pour l’heure, plus de 20 entreprises ont obtenu une licence de cartographie. Parmi elles, se trouvent notamment le géant Baidu ainsi que Navinfo, firme de cartographie soutenue par Tencent.

Une voiture autonome de Baidu.

Baidu opère d’ores et déjà des robotaxis en Chine. Photographie : Baidu

Tesla pourrait en souffrir

Cette décision semble avoir un objectif bien précis : empêcher que les données visuelles très détaillées recueillies par les voitures intelligentes atterrissent entre les mains d’acteurs étrangers pouvant être considérés comme hostiles. De ce fait, ce sont surtout les entreprises étrangères qui vont être affectées par la nouvelle mesure, et particulièrement Tesla.

La Chine représente un marché très juteux pour l’entreprise d’Elon Musk, qui y a implémenté sa première Gigafactory en dehors des États-Unis en 2019. Seulement, Pékin ne voit pas d’un très bon œil le succès de la société américaine dans son pays et n’a pas hésité à lui mettre des bâtons dans les roues à plusieurs reprises. En conséquence, les ventes de Tesla en Chine sont en perte de vitesse depuis plusieurs mois, également à cause des restrictions liées au Covid-19 qui ont été mises en place dans le pays. Au second trimestre 2022, l’entreprise y a vu ses ventes baisser de 18 %.

Les véhicules intelligents en Chine, un pari gagnant ?

Le marché mondial des véhicules intelligents et connectés devrait atteindre 470 milliards de dollars en 2030, a déclaré Wan Gang, vice-président de l’organe consultatif de la politique nationale de la Chine, lors d’une conférence à Beijing. L’Empire du Milieu est l’un des pays où ce secteur est le plus développé.

L’État a d’ores et déjà établi des normes visant à régir la conduite autonome dans le pays, tandis que le secteur des robotaxis, c’est-à-dire des taxis autonomes, y est de plus en plus étendu. D’ailleurs, Baidu a récemment obtenu une licence lui permettant d’opérer des taxis sans conducteurs, et la firme prévoit même d’étendre son service, Apollo Go, à 65 villes d’ici 2025 et à 100 villes d’ici 2030.

En compliquant la tâche des entreprises non-chinoises dans ce secteur, Pékin permet ainsi aux firmes du pays de prendre de l’avance sur leurs rivales dans un domaine qui est voué à très rapidement évoluer.