Si tout se passe comme prévu, ce lundi 29 août pourrait marquer l’histoire de la conquête spatiale avec le lancement de la mission Artemis I, mais aussi permettre à Boeing de redorer son image. Le constructeur américain a en effet connu de nombreuses difficultés ces dernières années, notamment dans le secteur spatial.

Boeing est le principal contractant sur le SLS

Boeing est le principal contractant sur le Space Launch System (SLS) de la NASA, une fusée de 98 mètres de hauteur qui doit lancer le vaisseau spatial Orion sans équipage vers la Lune pour la mission Artemis I. Si tout se passe bien lors de celle-ci, le SLS propulsera des astronautes à bord d’Orion vers la Lune lors des missions Artemis II et Artemis III, qui doivent normalement avoir lieu dans les prochaines années.

Les ingénieurs de Boeing ont notamment travaillé sur l’étage principal du lanceur, ainsi que sur un système de propulsion conçu pour donner à Orion son impulsion afin d’atteindre l’orbite lunaire. « Nous fournissons à la fois les cerveaux et les muscles pour rendre possible la prochaine génération de vols spatiaux habités », explique l’entreprise.

Boeing est un collaborateur historique de la NASA ; la société a participé à l’envoi d’astronautes sur la Lune dans les années 60 et a travaillé sur les opérations de la navette spatiale, programme qui a pris fin en 2011. Elle assure également le soutien de la Station spatiale internationale. Ces dernières années, Boeing a néanmoins été grandement mise à l’épreuve, et a parfois essuyé des échecs cuisants.

Des retards, et des échecs

Comme l’explique le Wall Street Journal, le premier lancement dans le cadre du programme Artemis devait préalablement se produire en 2018, mais celui-ci a connu de nombreux retards, certains d’entre eux étant imputés à Boeing. L’inspecteur général de la NASA, Paul Martin, a notamment blâmé l’entreprise pour des erreurs de calcul liées à l’ampleur du projet, des problèmes de soudure et d’autres difficultés. « Il y a eu une mauvaise planification et une mauvaise exécution », a-t-il déclaré lors d’un témoignage au Congrès plus tôt cette année.

De son côté, Boeing a reconnu des erreurs, notamment des complications avec l’infrastructure d’une installation en Louisiane où la NASA voulait que la société construise la fusée, elle a également sous-estimé le temps qu’il lui faudrait pour obtenir de ses fournisseurs les pièces nécessaires. Désormais, Boeing veut prouver que ses nombreux efforts n’étaient pas vains, et que sa technologie est digne de confiance : « Le SLS est juste une autre occasion pour nous de montrer à quel point Boeing peut faire de l’espace. Ce véhicule peut faire quelque chose qu’aucun autre véhicule ne peut faire, et nous n’avons pas eu de fusée de ce type depuis 50 ans », a affirmé John Shannon, un vice-président de Boeing qui supervise le programme SLS pour l’entreprise.

Boeing a également été en grande difficulté dans le Commercial Crew Program de la NASA, qui consiste à contracter des entreprises privées pour transporter les astronautes jusqu’à l’ISS. Boeing et SpaceX ont été choisies par l’Agence spatiale, mais si la Crew Dragon est entrée en service en 2020, la Starliner de Boeing a échoué lors d’un de ses tests, se trompant d’orbite pour rejoindre l’ISS. Récemment, la capsule a enfin réussi son essai et sera prochainement prête pour ses missions, mais avec plusieurs années de retard.

La capsule Starliner de Boeing.

La capsule Starliner de Boeing a connu de très nombreux retards. Image : Boeing

L’importance d’Artemis I

« Nous avons besoin de Boeing pour bien faire les choses. Ces dernières années, Boeing a connu de nombreux problèmes techniques, qu’elle essaie de résoudre – j’espère vraiment qu’elle le fera, car il s’agit d’un atout national et il doit fonctionner », a déclaré Scott Pace, un ancien fonctionnaire de la NASA qui est directeur de l’Institut de politique spatiale à l’Université George Washington.

En effet, un échec ou un problème majeur lors de la mission Artemis I serait catastrophique pour la suite du programme. Un nouveau retard impliquerait des dépenses colossales, chaque mission du programme étant estimée à environ 4,1 milliards de dollars. Pour rappel, le programme vise, à terme, à installer une base permanente sur la Lune.

Par ailleurs, Boeing est impliquée dans le projet de station spatiale commerciale de Blue Origin, Orbital Reef, ce qui pourrait lui permettre de démontrer son savoir-faire dans ce contexte, après plusieurs années compliquées pour son image.