Nous y sommes (enfin) presque. La NASA vient de donner son feu vert pour le lancement, ce lundi 19 août, de la fusée Space Launch System (SLS) dans le cadre de la mission Artemis I. Il s’agira d’un jour historique pour la conquête spatiale avec le début du programme visant à faire retourner l’être humain sur la Lune, pour y rester cette fois.

Tester le lanceur et la capsule pour la première fois

Avec ses 98 mètres de hauteur, le SLS est la fusée la plus puissante jamais construite et sera le premier vaisseau de la NASA à prendre son envol depuis la navette spatiale en 2011, ainsi que le premier de l’agence spatiale américaine à retourner aux alentours de la Lune en cinquante ans. Le décollage est prévu pour le lundi 29 août, pendant une fenêtre de deux heures qui s’ouvre à 8h33 heure locale (14h33 en France métropolitaine). En cas de problème, le SLS pourrait aussi être lancé le 2 ou le 5 septembre. « Nous sommes prêts pour le lancement, ce qui est absolument remarquable. Ce jour est attendu depuis longtemps », a déclaré Robert Cabana, administrateur associé de la NASA, lors d’une conférence de presse.

La mission Artemis I est non habitée et consiste principalement à tester le SLS ainsi que la capsule Orion qu’il propulsera et qui, par la suite, transportera des astronautes jusqu’en orbite lunaire. Orion devrait prendre sept jours pour atteindre notre satellite et effectuera plusieurs orbites autour de celui-ci, se rendant même à plus de 60 000 kilomètres de distance derrière la Lune. La capsule deviendra alors le vaisseau pouvant transporter des humains ayant été le plus loin de la Terre. Au total, la mission devrait durer 42 jours, contre 10 pour Artemis II.

En effet, aussi bien le SLS qu’Orion n’ont jamais volé ; les responsables de la mission ont ainsi l’intention de pousser le vaisseau spatial au-delà des paramètres fixés par l’agence pour les vols en équipage, afin de s’assurer qu’il soit dans des conditions difficiles et qu’il y résiste. Pendant les 42 jours, la NASA et l’Agence spatiale européenne (ESA), qui a construit le module de service d’Orion, pourront identifier les problèmes à résoudre avant le premier vol habité. Orion transportera également des torses humanoïdes recouverts de capteurs pour mesurer les effets des vibrations et des radiations spatiales sur le corps humain, tandis que 10 petits cubesats seront déployés depuis le SLS pendant le vol pour tester les nouvelles technologies d’exploration d’Artemis.

Comme le rappelle Spaceflight Now, l’un des objectifs principaux de la mission est de tester le bouclier thermique d’Orion et sa capacité à protéger l’engin lorsqu’il rentrera dans l’atmosphère à environ 40 000 km/h, subissant des températures allant jusqu’à 5 000 degrés avant une descente en parachute pour s’amarrer à l’ouest de San Diego, dans l’océan Pacifique.

La route a été longue, et les risques sont encore nombreux

Bien entendu, cette mission est très risquée et il n’est pas exclu que d’importants problèmes surviennent. « Il s’agit du premier vol d’une nouvelle fusée et d’un nouveau vaisseau spatial. Nous faisons quelque chose qui est incroyablement difficile à faire et qui comporte des risques inhérents », a expliqué Mike Sarafin, responsable de la mission Artemis 1 de la NASA. Si l’agence sait que n’importe quoi peut arriver, cela serait un véritable désastre pour le programme Artemis et pour la NASA.

Ayant coûté 4,1 milliards de dollars, le SLS a connu de nombreux retards dans sa conception qui s’est étalée sur près d’une décennie. Lors de ses quatre répétitions générales, étendues d’avril à juin et qui consistent à charger le lanceur avec du carburant et à réaliser un compte à rebours d’entraînement jusqu’à 9,4 secondes du moment du décollage, des complications ont été recensées dans tous les cas, retardant d’ailleurs le début de la mission Artemis I.

Ainsi, les équipes doivent encore effectuer un test critique pour vérifier la réparation d’une fuite repérée lors de l’une de ces répétitions. Ce test ne peut être effectué que le jour du lancement. « C’est quelque chose que nous allons démontrer pour la première fois le jour du lancement, et si nous ne réussissons pas à le démontrer, nous ne lancerons pas la fusée ce jour-là », a déclaré Mike Sarafin. Avec l’avènement du privé, le SLS pourrait être la dernière fusée de la NASA.

L’ambition programme Artemis de la NASA

Si tout se passe comme prévu, alors le programme Artemis pourra poursuivre sa course avec un calendrier très chargé. En 2024, la mission Artemis II transportera des astronautes en orbite lunaire et un an plus tard, à noter que ces dates sont susceptibles de changer, la mission Artemis III verra des humains reposer le pied sur la Lune pour la première fois depuis Apollo 17 à bord d’un vaisseau Starship de SpaceX.

L’objectif ultime du programme Artemis est d’installer une base permanente baptisée Lunar Gateway en orbite lunaire. Elle sera constamment occupée par des astronautes qui, en plus de réaliser de nombreuses expériences scientifiques et de la recherche, prépareront les voyages plus lointains, notamment vers Mars.