Amazon vient d’annoncer l’abandon de son service de santé en ligne, Amazon Care, à partir du 31 décembre 2022. Cette décision reflète les difficultés rencontrées par les big tech pour s’immiscer dans le secteur de l’e-santé, qu’elles convoitent tant.

Des efforts qui ont été vains

Amazon Care connecte virtuellement les patients avec des médecins et des infirmières qui peuvent fournir un traitement 24 heures sur 24. Le service n’a pas de sites physiques, mais offre des services en personne pour des soins comme les vaccinations et les tests de dépistage de la grippe. Lancé en 2019 pour les employés d’Amazon dans l’État de Washington, basé à Seattle, qui ont servi d’utilisateurs d’essai, il a depuis été étendu aux employés du géant de l’e-commerce dans les 50 états américains, ainsi que pour d’autres entreprises comme Hilton, Silicon Labs, TrueBlue and Whole Foods.

De prime abord, la décision d’Amazon a de quoi surprendre. Au mois de février dernier, l’entreprise voulait étendre son service à 20 villes supplémentaires, mais il semblerait que ses efforts n’aient pas été suffisants pour maintenir Amazon Care à flot. « Nous avons recueilli et écouté les nombreux commentaires de nos entreprises clientes et de leurs employés, et nous avons fait évoluer le service pour améliorer constamment l’expérience des clients. Cependant, malgré ces efforts, nous avons déterminé qu’Amazon Care n’était pas la bonne solution à long terme pour nos entreprises clientes », déclare Neil Lindsay, vice-président d’Amazon Health Services, dans une note adressée à ses employés.

« Cette décision n’a pas été prise à la légère et n’est devenue évidente qu’après de nombreux mois de réflexion. Bien que nos membres inscrits aient apprécié de nombreux aspects d’Amazon Care, l’offre n’est pas assez complète pour les grandes entreprises que nous visons et ne pouvait pas fonctionner à long terme », continue-t-il.

Des ouvriers sur leur téléphone.

Amazon Care était surtout utilisé par les employés d’Amazon. Photographie : Amazon Care

Pas le premier échec pour Amazon

Ce n’est pas la première fois que le géant de l’e-commerce échoue lors d’une tentative pour s’immiscer dans le domaine de la santé. Il a par exemple participé à une collaboration avec JPMorgan et Berkshire Hathaway pour améliorer les coûts des soins de santé outre-Atlantique. Les trois entreprises ont ainsi créé une société indépendante appelée Haven, mais elle a finalement été dissoute l’année dernière.

Comme l’explique le Wall Street Journal, pénétrer le monde de la santé, même pour une entreprise aussi puissante qu’Amazon, relève du véritable défi tant le chemin est semé d’embûches. Ce secteur est en effet régi, à juste titre, par des réglementations étatiques et fédérales, ainsi que par de nombreuses entreprises et prestataires ayant des relations établies, notamment aux États-Unis où quasiment tout le secteur relève du privé avec des géants comme CVS ou UnitedHealth Group.

Amazon continue d’investir lourdement et ne jette pas l’éponge

La fin d’Amazon Care n’est toutefois pas synonyme d’abandon de l’e-santé pour autant. Le PDG d’Amazon, Andy Jassy, est d’ailleurs très vocal à ce sujet. Pour rappel, la société a racheté un monstre du secteur le mois dernier pour 3,9 milliards de dollars. One Medical propose un abonnement annuel permettant à ses utilisateurs de bénéficier d’une application avec un accès à des services de télé-santé à la demande par vidéo, et des rendez-vous garantis le jour même ou le lendemain dans plus de 125 cabinets médicaux. En outre, Amazon réfléchirait désormais à faire l’acquisition de Signify Health, une entreprise qui fabrique des technologies pour les soins de santé à domicile.

La firme a également racheté la société de livraison de prescriptions PillPack en 2018 et possède désormais sa propre pharmacie. Le géant de l’e-commerce, à l’instar d’autres big tech, sait que la santé est un domaine particulièrement lucratif et tente par tous les moyens d’y accéder. Reste à voir si ses lourds investissements récents lui permettront d’atteindre son objectif…