Près de trois ans après le lancement de la monnaie numérique de banque centrale (MNBC) proposée par la banque centrale chinoise, le yuan numérique, les chinois s’acclimatent de plus en plus avec ce nouveau moyen de paiement. Toutefois, il reste encore un long chemin à parcourir, semés d’embûches, pour que le yuan numérique se généralise dans tout l’Empire du Milieu.

Progressivement, les chinois adoptent le yuan numérique

Alors que fin 2021, 140 millions de chinois utilisaient le yuan numérique et que près de 62 milliards de yuans avaient été dépensés, le total de transactions réalisées à l’aide du yuan numérique a dernièrement atteint 83 milliards de yuans, soit plus de 12 milliards d’euros. Dans tout le pays, 4,6 millions de commerçants acceptent le yuan numérique comme moyen de paiement afin de faire du shopping, se payer un repas dans un restaurant, pour payer ses impôts et même pour verser des salaires.

Ces chiffres, encourageants, ont pu être atteints grâce au lancement d’un programme de développement mené par la Banque populaire de Chine (BPC) au printemps 2021. La MNBC chinoise est toujours en phase de tests mais le pays travaille pour qu’elle puisse légaliser sa monnaie numérique. Toutefois, une question légitime se pose : pourquoi ce n’est pas encore le cas alors que les résultats tendent à légaliser le yuan numérique ? Un rapport de la banque centrale relayé par Caixin Global apporte quelques éléments de réponses à cette question.

Quels sont les défis à relever pour inclure le yuan numérique au sein de la société chinoise ?

Tout d’abord, l’utilisation du yuan numérique dans le cadre de cette phase d’expérimentation est minime par rapport aux volumes des transactions générées par l’utilisation des deux principaux moyens de paiements mobiles en Chine : Alipay et WeChat Pay. À titre de comparaison, les transactions mensuelles d’Alipay s’élèvent en moyenne à 10 000 milliards de yuans. Les chinois sont très attachés à ces deux moyens de paiements qui sont devenus les équivalents du paiement sans contact avec carte bancaire que l’on connait en France.

Le 1er août 2022, la banque centrale chinoise s’est engagée à étendre les zones d’expérimentations du yuan numérique. À l’heure actuelle, la MNBC est testée au sein de 23 agglomérations situées dans 15 provinces différentes. Un des défis sera de renforcer la confiance des utilisateurs quant à la fiabilité et à la facilité d’utilisation du yuan numérique.

Ainsi, la BPC a la volonté de se concentrer sur le commerce de détail afin de répondre pleinement aux besoins de paiements quotidiens du grand public. Elle considère par exemple que le versement de salaires et autres transactions au sein des entreprises peuvent favoriser son implantation. Outre son utilisation au quotidien, la BPC considère qu’il faut faire un pas de plus dans les technologies utilisées pour son usage.

Elle a pour objectif d’atteindre une capacité de traitement qui s’estime à quelques secondes, si ce n’est instantanément, afin de gérer le volume massif des transactions de tous les chinois. Des centres de données ainsi que des serveurs devraient être construits dans l’unique but de gérer le yuan numérique.

La banque centrale chinoise interpelle Pekin pour la création d’une réglementation autour du yuan numérique

Le yuan numérique ayant pour vocation de devenir une monnaie officielle en Chine, les normes internationales existantes ainsi que les lois chinoises s’appliquent sur cette monnaie. Toutefois, la Banque populaire de Chine considère que certains paragraphes doivent être adaptés aux exigences du yuan numérique.

En mars dernier, elle a lancé un appel aux structures juridiques dans le but d’assurer la sécurité du yuan numérique. Ainsi, la Chine prévoit de renforcer la législation autour du yuan numérique pour protéger la vie privée des utilisateurs et lutter contre les activités illégales telles que le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.

Pour garantir l’anonymat du yuan numérique, les autorités prévoient d’améliorer la réglementation, notamment en mettant en place un mécanisme autour de l’utilisation des informations personnelles des utilisateurs. Le but étant que tout organisme puisse demander l’accès aux informations des utilisateurs uniquement à des fins d’analyse des risques et de surveillance en cas de transactions illégales ou louches.

De plus en plus de pays à travers le monde se lancent dans les monnaies numériques de banque centrale. Récemment, la banque centrale australienne a annoncé le lancement de son projet de MNBC qui devrait durer plusieurs années.