Le Royaume-Uni vient de lancer une procédure à l’encontre de l’Union européenne (UE) concernant sa non inclusion dans plusieurs programmes scientifiques, qui était pourtant actée dans un accord selon le gouvernement britannique.

Un Accord donnant à accès à différents programmes clés

Le Royaume-Uni fait référence à l’Accord de commerce et de coopération établi fin 2020, durant lequel le pays assure qu’il a sécurisé sa participation à différents programmes scientifiques auprès de l’Union européenne malgré le Brexit. Parmi ces derniers, on retrouve notamment Horizon Europe, le programme-cadre de l’UE sur la recherche et l’innovation. Il s’agit d’un renouvellement d’Horizon 2020 qui comprenait notamment des fonds alloués à Collabora, le rival britannique de Microsoft Office en matière de logiciels libres, ainsi qu’à l’Unconventional Computing Laboratory de Bristol, ou encore aux chercheurs britanniques dans le domaine du graphène.

Pour l’heure, le Royaume-Uni ne peut pas, non plus, accéder au programme Copernicus, qui vise à observer, collecter et restituer des données de qualité et actualisées de manière continue sur l’état de la Terre. Le pays regrette également sa non inclusion dans la Communauté européenne de l’énergie atomique (Euratom), chargée de coordonner les recherches et programmes sur le nucléaire au sein du Vieux Continent.

Lors des négociations, les deux parties ont assuré qu’une coopération leur serait bénéfique, mais le Royaume-Uni regrette désormais les retards persistants de son accès à ces différents programmes, jugés essentiels à son développement. Le pays a donc décidé d’agir et de lancer des consultations avec les représentants de l’Union européenne, rapporte The Register.

Les relations entre UE et Royaume-Uni sont compliquées

« L’UE est en violation flagrante de notre accord, cherchant sans cesse à politiser une coopération scientifique vitale en refusant de finaliser l’accès à ces programmes importants. Nous ne pouvons pas permettre que cela continue. C’est pourquoi le Royaume-Uni a maintenant lancé des consultations officielles et fera tout ce qui est nécessaire pour protéger la communauté scientifique », a déclaré la ministre britannique des affaires étrangères et potentielle remplaçante de Boris Johnson, Liz Truss.

Le drapeau du Royaume-Uni au-dessus de celui de l'Union européenne.

Les relations entre l’Union européenne et le Royaume-Uni depuis le Brexit peuvent parfois être compliquées. Photographie : Rocco Dipoppa / Unsplash

De son côté, l’UE se montre bien plus mesurée. Un porte-parole a ainsi expliqué que l’Accord de commerce et de coopération ne prévoyait pas d’obligation spécifique ni de délai pour que l’UE associe le Royaume-Uni aux programmes de l’Union. Il a également ajouté que la Commission prenait note « de la demande de consultation du Royaume-Uni et y donnera suite conformément aux règles applicables, telles que définies dans l’Accord ».

Depuis l’entrée en vigueur du Brexit, les relations entre le bloc et le Royaume-Uni n’ont pas été de tout repos, ce qui peut aussi expliquer la position de l’UE. En juin 2022, le gouvernement britannique a en effet adopté une loi remettant en cause de manière unilatérale le statut douanier post-Brexit de l’Irlande du Nord, ce qui peut avoir un impact extrêmement néfaste sur le commerce entre les deux entités. L’Union européenne a d’ailleurs lancé des poursuites judiciaires suite à cette décision.

Le Royaume-Uni se retrouve isolé

Le Royaume-Uni assure avoir un programme de remplacement à Horizon Europe dans le cas où sa collaboration avec celui-ci échoue. Par ailleurs, le pays dispose d’un plan afin de devenir une superpuissance technologique et scientifique d’ici 2030. Toutefois, ce dernier a vivement été remis en question par un rapport du Lords Science and Technology Committee, un comité restreint de la Chambre des lords du Parlement du Royaume-Uni.

Julia King, ingénieure titulaire d’un doctorat en mécanique de la rupture et membre du comité a d’ailleurs été catégorique : « Sur la scène internationale, l’absence d’association à Horizon Europe et les récentes coupes dans l’aide publique au développement ont nui à la réputation du Royaume-Uni. Le Royaume-Uni ne peut pas être une superpuissance scientifique de manière isolée ; les relations doivent être réparées ».

Pour l’heure, ce dernier point semble malheureusement mal parti.