Alors que Didi n’en sort plus des griffes des autorités chinoises, elle laisse le champ libre à l’installation de nouveaux acteurs sur le marché des VTC. Cette situation affecte également les propres projets de l’entreprise, avec des répercussions pour les partenaires impliqués.

Tout le monde veut prendre sa place

L’occident a Uber, la Chine, et quelques autres pays, avaient Didi. Le protectionnisme chinois lui promettait un avenir radieux, avec 90 % des parts du marché local. Elle est à présent soumise au bon vouloir des organes de régulation, peu enclins à lâcher du lest sur sa gestion des données et à l’autoriser à réintégrer les magasins d’applications. De quoi attirer l’appétit de certains géants de la tech.

C’est notamment le cas de Meituan qui ne souhaite pas se contenter des 10 % restants. La situation financière précaire de Didi l’incite à redoubler de moyens pour conquérir de nouveaux utilisateurs, passagers comme chauffeurs. Le premier effet, se remarque sur le prix des courses dans la capitale économique du pays. Depuis plusieurs semaines, à Shanghai, il a presque baissé de moitié. Meituan a également distribué des coupons de réduction aux résidents. Pour amadouer les conducteurs, elle a offert de ne prélever aucunes commissions à ceux travaillant durant les pics de chaleur.

De leur côté, Huawei et Alibaba, ont lancé chacun un agrégateur de service de voiture avec chauffeur. Respectivement baptisés Petal Chuxing et Amap, ils donnent accès aux services de plusieurs plateformes. De quoi permettre à Didi de compenser modestement l’inaccessibilité de son app. Entre nouveaux services intégrés et nouvelles villes couvertes, Tencent en a profité pour développer son offre, qui existait déjà dans sa super-application WeChat.

Le South China Morning Post note que le Ministère des transports chinois a attribué des licences à 41 entreprises entre juillet 2021, et juin 2022. Ces nouveaux acteurs s’ajoutent au 236 opérant déjà des services de VTC.

S’ils sont nombreux à vouloir prendre leur part du gâteau, ces nouveaux acteurs doivent se confronter à un secteur malmené par la pandémie et la politique « zéro covid » de la Chine, de même que la mise en place d’un encadrement très autoritaire du numérique.

En attendant son retour, Didi s’assied sur ses voitures

En plus de ne plus voir trôner son application dans les magasins d’Apple et de Google, Didi voit s’évaporer son projet de production automobile.

En 2018, elle avait fondé une joint-venture avec le constructeur Li Auto. Baptisée Beijing Judian Travel Technology, elle avait pour mission de fabriquer des voitures électriques destinées à gonfler sa flotte. À l’époque, Didi voyait une opportunité dans la conduite autonome, avec une division valorisée à plusieurs milliards de dollars, et l’objectif de mettre un million de taxis autonomes sur les routes.

Depuis quelques jours, Li Auto s’est retiré de la joint-venture. Son ex-partenaire, actionnaire à 51 %, s’est résigné à la placer en faillite. Quelques mois plus tôt, la co-entreprise avait été pointée du doigt à cause de contrats non payés. Son représentant légal avait alors été placé sur la liste des mauvais payeurs avec pour conséquence, crédit social oblige, de ne plus être autorisé à prendre l’avion ni des trains à grande vitesse.

Si Didi est encore leader en Chine, elle est contrainte à l’immobilisme depuis un an déjà. Quand bien même elle retrouverait sa place dans les magasins d’applications, il est difficile d’envisager un retour à la normale, tant les environnements concurrentiel et réglementaire ont changé.