L’affaire de corruption dans le secteur des semi-conducteurs chinois se poursuit. Le 9 août la Commission centrale d’inspection de la discipline (CCDI), principal organe anticorruption en Chine, a révélé enquêter sur trois hauts cadres supplémentaires du « Big Fund ». De son vrai nom l’Intefrated Circuit Industry Investment Fund, le Big Fund est la figure de proue du financement de l’industrie dans l’Empire du Milieu.
En Chine les têtes du puissant Big Fund tombent
Du Yang, ancien directeur de Sino IC Capital, l’entité qui gère le Big Fund, et Yang Zhengfan son actuel directeur adjoint, sont accusés d’avoir commis des « violations graves de la discipline et des lois ». Cette terminologie renvoie le plus souvent, en Chine, à des faits de corruption. La CCDI reste toutefois très discrète sur l’objet des investigations et le lien entre les personnes impliquées.
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Le troisième homme, Liu Yang, est également un ancien directeur de Sino IC Capital. Sur ce dernier les charges semblent moins lourdes. Reuters évoque simplement « des violations de la loi ». Précédemment Lu Jun, un autre ancien directeur de la même structure et Ding Wenwu, son ancien président ont également été mis en cause par la CCDI.
Sur la même période le ministre de tutelle du Big Fund, Xiao Yaqing à la tête du ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information fait également l’objet d’une enquête. Idem pour Zhao Weiguo, ancien président de Tsinghua Unigroup, le champion chinois des semi-conducteurs, jusqu’à sa faillite, à cause de sa mauvaise gestion.
Pékin étant peu prolixe en information, il est impossible de savoir si les procédures contre ces deux dernières personnalités concernent la même affaire. Tsinghua Unigroup a largement bénéficié de l’argent du Big Fund, mais c’est aussi le cas de Semiconductor Manufacturing International Corp ou Yangtze, leader local des puces mémoires.
L’industrie des semi-conducteurs confrontée à un scandale au pire des moments
Ces enquêtes jettent un trouble sur l’ensemble du secteur des semi-conducteurs en Chine. Comme l’indique son surnom, le Big Fund joue un rôle tout à fait central dans la stratégie de Pékin pour l’autonomisation du secteur. Lancé en 2014, il a levé, sous l’égide du ministère des Finances, 20 milliards de dollars auprès d’investisseurs publics pour développer l’industrie. Une autre levée de fonds, en 2019, a atteint 30 milliards de dollars. Il a également fait des émules, imité au niveau local dans pratiquement toutes les provinces de Chine.
Créer pour pallier une faiblesse structurelle de la Chine, il a pris une place d’autant plus importante avec l’exacerbation des tensions avec les États-Unis. Washington n’hésite pas à appuyer sur le point faible de son rival.
Le Chips and Science Act, récemment ratifié par Joe Biden, conditionne ses financements pour les entreprises de semi-conducteurs à une absence d’investissement significatif en Chine durant une décennie. Cette affaire intervient à un moment où, plus que jamais, Pékin a besoin de son Big Fund.