La base de lancement de Cap Canaveral en Floride a récemment été le théâtre d’une scène qui rappelle la science-fiction des années 80. L’unité militaire Space Launch Delta 45, responsable de la base de l’U.S. Space Force, a fait une démonstration ce 27 juillet de deux chiens robots en patrouille. Ils se font appeler 60 Q-UGV pour « Quadrupedal Unmanned Ground Vehicle » et ont été conçus par l’entreprise américaine Ghost Robotics. Les canidés robotiques seront utilisés pour prévenir les urgences lors des lancements de fusées, mais la démocratisation des automates au sein de l’armée ne fait pas l’unanimité.

Utilisés pour des tâches manuelles et de surveillance

L’exercice mené par l’U.S. Space Force avait pour but de démontrer les usages de chiens robots pour automatiser certaines tâches de sécurité sur la base spatiale de Cap Canaveral. Selon cette branche de l’armée américaine, créée par Donald Trump en 2019, les robots quadrupèdes effectueront « des tâches manuelles et répétitives » et seront aussi en charge de « l’évaluation des dommages et des patrouilles pour économiser des heures de travail importantes ».

Leur similitude physique avec le meilleur ami de l’homme n’est pas anodine. Ces robots sont censés reproduire les qualités des chiens militaires, à ceci près qu’ils sont « inarrêtables, avec la capacité de se relever immédiatement à la moindre glissade, chute ou erreur de fonctionnement, et de continuer à avancer en utilisant un mode de fonctionnement à l’aveugle si nécessaire », explique Ghost Robotics sur son site. Le concepteur précise que ses chiens robots sont équipés de plusieurs capteurs visuels et sonores qui leur permettent de se déplacer de façon autonome, ou en étant contrôlé à distance par un opérateur humain.

Les chiens robots, bientôt des armes ?

Cette innovation est censée permettre « une meilleure prise en compte de la situation en patrouillant les zones qui ne sont pas sûres pour les humains ou les véhicules », explique l’U.S. Air Force qui utilise des chiens robots depuis deux ans, rapporte Gizmodo. Malgré ces explications, les automates à quatre pattes suscitent de nombreuses inquiétudes auprès du public.

Début juillet, une vidéo largement diffusée sur Twitter montrait un chien robot équipé d’une mitraillette sur le dos. Une démonstration de force qui rappelle qu’une légère modification peut faire de ces machines canines, d’une taille relativement petite, de véritables engins de mort. Spot, le chien robot de Boston Dynamics, pourrait ainsi être détourné de ses usages scientifiques et industriels pour lesquels il est actuellement vendu. L’armée française avait d’ailleurs effectué un exercice avec le célèbre robot, à des fins de reconnaissance.

Gizmodo rappelle qu’en 2021 le département de la police de New York avait été contraint de détruire son chien robot, également conçu par Boston Dynamics, après une vague de protestation. Le concepteur du robot avait toutefois assuré qu’il n’était pas conçu pour « utiliser des armes, blesser ou intimider ». En cas d’altercation musclée, d’aucuns diraient qu’il suffit de renverser Spot sur le dos et lui arracher la batterie placée sous son ventre pour le désactiver.