Alors que les grands acteurs du jeu vidéo ont dévoilé leur bilan financier pour le second trimestre 2022, allant d’avril à juin, force est de constater que le secteur traverse une passe compliquée mis à part quelques exceptions. Ces difficultés ne sont pas le fruit du hasard, et résultent de nombreux facteurs.

Les géants du secteur touchés

Sony, qui a commercialisé sa PlayStation 5 fin 2020, en a vendu 2,4 millions d’unités durant le trimestre, contre 2,3 millions sur la même période de l’année précédente. Néanmoins, la firme nippone a fait état d’une baisse de 2 % des ventes de son unité de jeux vidéo, tandis que ses bénéfices d’exploitation ont plongé de près de 37 %. La société a également publié des perspectives sombres, réduisant de 16 % ses prévisions de bénéfices pour l’ensemble de l’année.

Même constat chez son grand rival Microsoft. Le constructeur de la Xbox a vu ses recettes globales issues des jeux chuter de 7 %, ses ventes de consoles ont quant à elles baissé de 11 % et ses revenus liés au contenu et services de 6 %. Nintendo a également réalisé un trimestre décevant avec une baisse de 15 % de son bénéfice d’exploitation. La société a vendu 3,43 millions d’unités de sa console portable Switch au cours du trimestre, soit une baisse de 23 %, tandis que les ventes de logiciels se sont effondrées de 8,6 %, à 41,4 millions d’unités.

Les éditeurs de jeux vidéo sont eux aussi affectés. Mis à part Electronic Arts qui a réalisé un trimestre solide avec une hausse de 50 % de ses bénéfices, les autres géants du secteur ont connu des difficultés. Activision Blizzard, dont Microsoft a annoncé le rachat au mois de janvier dernier, a annoncé une chute de 70 % de son bénéfice net et de 29 % de ses revenus. De son côté, Ubisoft a enregistré une baisse de 10 % de ses recettes nettes.

La PlayStation 5.

Sony espère vendre 18 millions de PlayStation 5 en 2022, la firme en a écoulé 2,3 millions au second trimestre. Photographie : Hello I’m Nik / Unsplash

Les joueurs sortent plus

Pour comprendre ces pertes, il suffit simplement de prendre en compte la période que le monde vient de traverser. Le secteur du jeu vidéo a été l’un des bénéficiaires majeurs de la pandémie, alors que de nombreuses personnes ont joué lorsqu’elles étaient coincées chez elles. Logiquement, les hausses exponentielles enregistrées par les acteurs du secteur en 2020 et en 2021 ne peuvent pas se répéter alors que les gens sortent bien plus et, conséquemment, jouent moins.

« Tout le monde a vu des chiffres records pendant le confinement, avec les ventes par catalogue de titres plus anciens en tête. Cela a mis en place une comparaison impossible, et les baisses d’une année sur l’autre étaient bien télégraphiées et étaient attendues », explique Michael Pachter, directeur général de Wedbush Securities, au média CNBC. Par ailleurs, il faut savoir que l’année 2022 a été peu reluisante en termes de grosses sorties, ce qui a moins attiré les fans. Un rapport réalisé par la firme d’analyse des marchés NPD va d’ailleurs dans ce sens : les Américains ont dépensé 13 % en moins au second trimestre 2022 par rapport à la même période de l’année dernière.

La situation économique actuelle, avec l’inflation des prix et une possible récession, affecte également le secteur puisque les consommateurs ont tendance à moins dépenser. « L’augmentation du coût de la vie se traduit par une pression supplémentaire sur les budgets des ménages. L’impact se fera probablement sentir sur les articles coûteux, notamment les consoles, bien que la disponibilité limitée et la demande refoulée, en particulier pour les consoles haut de gamme, signifient que l’impact sera minime pour le moment », explique Piers Harding-Rolls, directeur de recherche chez Ampere, autre firme d’analyse des marchés.

Pénuries, confinement en Chine… Le secteur des jeux vidéo doit faire face à de nombreux obstacles

Ces éléments ne sont pas les seuls à prendre en compte pour expliquer les pertes des entreprises dans le monde du jeu vidéo. Le confinement très strict à Shanghaï, qui a touché les chaînes d’approvisionnement, ainsi que la pénurie de semi-conducteurs, ont également affecté le secteur, notamment les activités de Nintendo et de Sony.

Seul point positif à retenir, il semblerait que les abonnements streaming n’aient pas été affectés de la même manière, c’est par exemple le cas du Xbox Game Pass proposé par Microsoft. Sony espère d’ailleurs que la réorganisation de son service PS Plus lui permettra de contrebalancer le ralentissement de ses activités dans le jeu vidéo.

De manière globale, les baisses constatées dans le secteur devraient perdurer encore quelque temps, mais les entreprises espèrent capitaliser sur la popularité du streaming de jeux vidéo.