En février 2022, Orange a annoncé l’arrêt du réseau cuivre pour 2030, encore utilisé par près de 20 millions de Français pour téléphoner à l’aide d’un fixe ou pour se connecter à internet en ADSL. L’opérateur historique a pris le temps d’expliquer son plan (pdf) à l’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep), mais celui-ci ne plaît pas totalement à Free, Bouygues Telecom et SFR.

Quel est le plan proposé par Orange pour mettre fin au réseau cuivre d’ici 2030 ?

Le chantier titanesque mené par Orange débuterait lors du dernier trimestre de l’année prochaine où des fermetures commerciales à l’adresse seront prévues. Cela correspond à un arrêt dans certains immeubles des services reposants sur le réseau cuivre. 181 communes ont été identifiées et seront concernées par ces fermetures commerciales. L’année suivante correspondra à la fermeture technique du réseau cuivre dans ces communes, mais aussi dans deux zones très denses, un quartier de Rennes ainsi que Vanves, en région parisienne.

Un second lot est concerné par ces expérimentations, mais verra ses fermetures commerciales être effectives au dernier trimestre 2024 pour une fermeture technique en 2025. Ces deux expérimentations permettront ensuite à Orange de débuter officiellement les fermetures commerciales puis techniques partout sur le territoire à partir de 2026.

Dès janvier de cette année, il ne sera plus possible de souscrire à un abonnement utilisant le réseau cuivre : un utilisateur devra obligatoirement passer par la fibre ou par une solution alternative comme la 4G, la 5G, le satellite, etc. Progressivement, les câbles constituant le réseau cuivre seront retirés jusqu’en 2030, fin officielle du réseau cuivre en France.

SFR, Bouygues Telecom et Free considèrent que le plan d’Orange n’est pas ambitieux

Si aux premiers abords, le plan semble bien rodé, l’Arcep a mené une consultation auprès du secteur des télécommunications. Les concurrents d’Orange que sont SFR, Bouygues Telecom et Free, ont fait part d’inquiétudes. Ils estiment problématique qu’Orange pilote ce chantier seul, sans consulter davantage les autres opérateurs et les particuliers ou organismes utilisant encore le réseau cuivre.

« Le plan d’Orange n’est pas ambitieux, met en danger la concurrence, et s’affranchit du cadre réglementaire », écrit Bouygues Telecom. En effet, les opérateurs souhaitent que le plan mettant fin au cuivre soit plus direct, pour que l’arrêt du cuivre soit effectif plus tôt qu’en 2030. À l’heure actuelle, ces acteurs de la télécommunication paient des frais de dégroupage afin d’emprunter le réseau cuivre géré par Orange. Une fin plus rapide du cuivre leur permettrait ainsi de mettre fin à ces frais, tout en recrutant de nouveaux abonnés fibre.

En réponse à ces craintes, Orange prévoit des phrases régulières de capitalisation et de retour d’expérience. En fonction des retours, l’opérateur historique se réserve le droit de réajuster le plan initial. De plus, la firme prévoit de faire un point général sur le rythme et le calendrier de fermeture au troisième trimestre 2025 avec l’ensemble des parties prenantes.

Les opérateurs pointent du doigt des incohérences dans le plan d’Orange

Pour les concurrents d’Orange, les fermetures commerciales n’ont pas grand intérêt puisque les opérateurs arrêtent déjà de commercialiser le cuivre dans les immeubles qui sont compatibles à la fibre optique.

Le plan n’inciterait pas assez les clients à basculer vers la fibre : dans le calendrier proposé, les clients cuivre actuels pourront conserver leurs offres tant que la fermeture technique n’est pas effective dans leur habitation, ce qui peut aller jusqu’à 2030. Un point que ne comprend pas Bouygue Telecom qui souhaite qu’être éligible à la fibre permette de déclencher systématiquement un abonnement vers ce nouveau moyen d’obtenir internet.

Orange a également répondu à cette attaque en affirmant que des fermetures techniques seraient bel et bien effectives dès 2026, et même plus tôt pour les lots qu’elle a identifiés pour ses expérimentations.

Enfin, les opérateurs se sont mis d’accord pour ne pas fermer le cuivre dans des zones qui n’étaient pas encore fibrées à 100 %. Toutefois, Orange souhaite le faire, même si une partie n’est pas couverte par la fibre optique. Au premier trimestre 2022 selon l’Arcep, 1,1 million de locaux ont été rendus raccordables, portant le chiffre total de locaux compatibles à l’installation du Fiber to Home (FTTH) à 34 millions.