Microsoft a lancé un appel au soutien le 27 juillet auprès de Google et Oracle, pour l’aider à faire pression sur le gouvernement des États-Unis. Ce dernier privilégie actuellement les contrats avec Amazon pour profiter de ses services dans le cloud. Contrariée par cette situation de domination, la firme de Redmond cherche à encourager une préférence pour le « multicloud », c’est-à-dire l’utilisation des services de plusieurs fournisseurs.

Amazon Web Services domine le marché du cloud

Amazon, via AWS, domine le secteur des infrastructures cloud avec plus de 33 % des parts de marché en 2022, selon un rapport de Synergy Research Group. Microsoft arrive à la deuxième place avec 22 % des parts suivi par Google avec 10 %. Cette situation de domination persiste dans la vente de services cloud au gouvernement. En 2021, Amazon possédait 47 % des parts du marché public aux États-Unis et au Canada, contre 28 % pour Microsoft.

Agacé, Microsoft a contacté Google et Oracle, ainsi que d’autres acteurs de l’industrie comme VMware, Dell Technologies et IBM, pour mettre en place une action conjointe. Le Wall Street Journal a eu accès au document lié à cet appel, dans lequel Microsoft explique vouloir pousser le gouvernement à établir une préférence pour le « multicloud ». Selon la société américaine, le multicloud permettrait au gouvernement d’optimiser ses services et de mieux maîtriser les coûts.

Amazon estime que cette démarche de lobbying est une action égoïste de la part de Microsoft. « Les clients du secteur public devraient avoir la liberté et la flexibilité de déterminer comment obtenir des services et des logiciels dans le cloud sécurisés, fiables et rentables, de la part du ou des fournisseurs de leur choix, sans mandats ni restrictions en matière de licences de logicielles », a expliqué un porte-parole du géant de l’e-commerce.

La rivalité d’Amazon et Microsoft pour le secteur public

Si Microsoft prend position de manière aussi vigoureuse ce n’est pas un hasard. Le cloud compte pour près de la moitié de son activité économique. Au premier trimestre 2022, sa branche Intelligent Cloud avait rapporté 19,1 milliards de dollars et les ventes liées à Azure ont augmenté de 40 % au second semestre par rapport à 2021. Microsoft est probablement frustré de ne pas voir de progrès dans sa vente d’Azure au gouvernement américain, Amazon obtenant la plupart des contrats.

Il existe un véritable conflit entre Microsoft et Amazon qui se sont battus pendant plusieurs années pour obtenir le contrat JEDI Cloud avec le Pentagone. Ce contrat évalué à 10 milliards de dollars sur dix ans avait été attribué à Microsoft en 2020 avant qu’Amazon ne soit finalement considéré comme le candidat favori en 2021. Au bout du compte, le Pentagone a abandonné le projet et a privilégié le recours à l’option multicloud pour éviter la dépendance à un seul fournisseur.

Une porte-parole de Microsoft explique que l’entreprise « a toujours préconisé une approche multicloud comme meilleure pratique commerciale, et presque toutes les entreprises l’ont adoptée ». Oracle a déjà exprimé son soutien vis-à-vis de la démarche. Le vice-président de l’entreprise, Ken Glueck, a expliqué soutenir « de tout cœur leurs efforts et nous prévoyons de les aider de toutes les manières possibles ». Les autres acteurs sollicités doivent encore donner leur réponse, ce qui permettra peut-être de faire pencher la balance.