Yuri Borisov, fraîchement élu à la tête de Roscosmos, l’agence spatiale de Russie, a indiqué à Vladimir Poutine qu’il souhaitait se retirer de la station spatiale internationale (ISS) après 2024. Problème, la NASA assure ne pas avoir été mise au courant d’une telle décision.

La Russie refuse de participer au programme de l’ISS jusqu’à 2030

Yuri Borisov est arrivé à la tête de l’agence spatiale russe le 15 juillet dernier pour remplacer Dmitry Rogozin, qui a été limogé suite à de nombreuses déclarations douteuses et dangereuses. Ce changement semblait initier des relations plus calmes entre les Russes et les Américains sur le plan spatial, alors que de nombreuses tensions entre les deux pays ont ressurgi suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

En effet, on apprenait peu de temps après la nomination de Yuri Borisov que les astronautes russes et américains allaient recommencer à voler ensemble jusqu’à l’ISS, en partageant des sièges à l’intérieur du Soyouz et de la capsule Crew Dragon de SpaceX. Malheureusement, il semblerait que cet apaisement ait été de courte durée.

TASS, l’agence de presse russe contrôlée par Moscou, a en effet annoncé que lors d’un entretien avec le président Vladimir Poutine, Yuri Borisov lui a indiqué que la Russie ne participerait plus au programme de l’ISS après 2024. Cette menace a déjà été proférée par son prédécesseur au mois d’avril, alors que les tensions entre la Russie et l’Occident étaient à leur apogée.

« Nous remplirons bien entendu toutes nos obligations envers nos partenaires, mais la décision de nous retirer de cette station après 2024 a été prise », a déclaré Borisov. Il a aussi précisé que Roscosmos se concentrera sur le développement de sa propre station spatiale nationale, la station russe de service orbital (ROSS), à l’instar de la Chine et de sa station spatiale qui est en cours d’assemblage et devrait obtenir son aspect final d’ici la fin de l’année.

Selon l’agence de presse, la décision de Borisov se base sur plusieurs facteurs, notamment sur la remise en cause du prolongement de la durée de vie de l’ISS jusqu’à après 2030 et estimée comme « dangereuse », ainsi que sur les sanctions occidentales contre l’industrie aérospatiale russe et « contre lui personnellement ».

La NASA assure ne rien savoir

De son côté, la NASA assure ne pas être au courant de la décision de Roscosmos. « Nous n’avons reçu aucun mot officiel du partenaire concernant la nouvelle d’aujourd’hui », a déclaré Robyn Gatens, directrice de l’ISS au siège de la NASA.

Dans un communiqué publié le 26 juillet, l’administrateur de l’agence spatiale américaine, Bill Nelson, a également déclaré que Roscosmos n’avait pas informé l’agence de son intention de mettre fin à sa coopération avec l’ISS : « La NASA s’est engagée à assurer la sécurité du fonctionnement de la Station spatiale internationale jusqu’en 2030 et se coordonne avec ses partenaires. La NASA n’a pas été mise au courant des décisions de l’un ou l’autre des partenaires, bien que nous continuions à construire des capacités futures pour assurer notre présence majeure en orbite terrestre basse ».

Pour rappel, la NASA et ses partenaires ont pris la décision de prolonger la durée de vie de l’ISS, en opération en orbite terrestre depuis 1998, au-delà de 2030. Toutefois, la Russie, l’un des acteurs les plus importants du projet, n’a jamais donné son accord. Comme le note le média spécialisé Space News, la formulation « après 2024 » est vague et ne signifie pas que Roscosmos se retirera de la station en 2024. Il est peu probable, selon des experts, que la station spatiale russe soit prête à accueillir des équipages avant la fin de la décennie, car Roscosmos vient juste de commencer l’effort et dispose de ressources limitées.

La NASA prépare elle aussi l’après ISS et a choisi trois entreprises pour la construction de stations spatiales commerciales. L’ambition de l’agence spatiale américaine est que des entreprises privées occupent l’orbite basse, et que les stations aient différents usages : tourisme, science, etc. L’agence explique qu’elle louera parfois des places à bord de ces stations pour que ses astronautes les occupent pour des missions précises, ce qui lui reviendrait évidemment bien moins cher que d’opérer sa propre station.