ByteDance a battu un record en matière de dépenses pour le lobbying avec 2,14 millions de dollars investis au second trimestre 2022. La maison mère de TikTok a effectué une augmentation impressionnante de 130% des donations aux acteurs politiques américains par rapport au premier trimestre. Une intensification du lobbying qui arrive dans un contexte de renforcement de la législation antitrust américaine contre les entreprises de la tech. Cela a également conduit à l’investissement de dizaines de millions de dollars dans le lobbying par Google, Amazon, Meta ou encore Microsoft.

ByteDance veut se racheter une image

Cette augmentation des dépenses de ByteDance pour influencer les législateurs américains n’est pas due au hasard. Depuis juin, son réseau social TikTok est mis en cause dans une affaire de transfert de données des utilisateurs américains vers la Chine. Le géant chinois a nommé un nouveau chef de la sécurité et a annoncé la migration de sa plateforme vers des centres de données de l’américain Oracle, dans l’optique de freiner les inquiétudes.

TikTok reste depuis longtemps au centre de l’attention des régulateurs américains. La crainte d’une utilisation des données des utilisateurs par le Parti Communiste Chinois plane toujours et avait poussé l’ancien président, Donald Trump, à vigoureusement lutter contre l’application de ByteDance.

Cette lutte se poursuit encore aujourd’hui, ce qui a motivé TikTok à embaucher son premier lobbyiste en 2019. Sa position au sein de Washington se renforce année après année. En 2021, la société a dépensé 4,7 millions de dollars dans ses activités de lobbying. Ces dépenses ont déjà atteint 2,14 millions de dollars à la moitié de l’année 2022 et pourraient dépasser celles de l’année précédente.

Les Big Tech augmentent les dépenses dans le lobbying face à la législation

Les législateurs américains planchent actuellement sur plusieurs lois de régulation du secteur de la tech. La sénatrice démocrate Amy Klobuchar et le Représentant David Cicilline défendent une législation en faveur de la concurrence sur les plateformes dominantes. Une autre loi ambitionne d’affaiblir la mainmise d’Apple et de Google sur l’écosystème des applications en rendant leur store plus ouvert aux applications tiers.

Cela a entraîné une explosion du lobbying de la part des géants de la tech. Ils ont dépassé les entreprises pharmaceutiques qui étaient les plus gros donateurs jusqu’à présent. Au total, Big Tech a investi 35,3 millions de dollars en lobbying et en relations publiques depuis le début de l’année. Au second trimestre, Apple a investi 1,9 million de dollars dans le lobbying, 2,77 millions de dollars du côté de Google et 2,41 millions pour Microsoft. Netchoice et Technet, deux groupes commerciaux qui représentent les entreprises de la tech, ont augmenté de 200% leurs dépenses dans le lobbying par rapport à 2021 pour atteindre 120 000 dollars au second trimestre.

Plusieurs cabinets de lobbying comme Duberstein Group et Invariant ont investi des dizaines de milliers de dollars dans le Democratic Senatorial Campaign Committee (DSCC) en charge de nommer les sénateurs démocrates et dans le Democratic Campaign Committee (DCCC), comité qui élit les démocrates au sein de la Chambre des représentants du Congrès américain.

Le leader de la majorité au Sénat américain, Chuck Schumer, est au centre des préoccupations des entreprises. Le démocrate est chargé de la mise en place du calendrier qui fixe les dates des votes de nouvelles lois. Selon le média Sludge, il a reçu plusieurs appels de la part des PDG de Google et Amazon. Pour l’instant, il n’a pas encore planifié de date pour le vote des projets de loi, alors qu’il s’était engagé à le faire tôt durant l’été, rapporte Bloomberg.