Dmitry Rogozin, dirigeant très controversé de l’agence spatiale russe Roscosmos, vient d’être limogé. Peu de temps après, la NASA a annoncé un accord avec la Russie pour échanger à nouveau des sièges dans les vaisseaux se rendant à la Station Spatiale internationale (ISS).

Le chef controversé de Roscosmos démis de ses fonctions

Dmitry Rogozin a ainsi passé quatre années à la tête de Roscosmos. S’il s’était déjà fait remarquer avant la guerre en Ukraine, notamment en affirmant, suite à l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, que les Américains pouvaient utiliser un « trampoline » s’ils voulaient se rendre dans l’espace, l’invasion de l’Ukraine l’a entraîné à faire des déclarations très douteuses et dangereuses.

Il a par exemple menacé de retirer la Russie de la Station Spatiale internationale et de faire écraser cette dernière. Après avoir déclaré que la Russie ne fournirait plus de moteurs de fusée aux États-Unis, Rogozin a par ailleurs affirmé que les astronautes de la NASA pourraient utiliser des « balais » pour se rendre en orbite. Il a également accusé l’Agence spatiale européenne (ESA) de « saboter » la mission ExoMars après que l’ESA ait officiellement mis fin à sa coopération avec Roscosmos sur celle-ci, qui devait être lancée en septembre.

Enfin, Dmitry Rogozin a aussi utilisé l’ISS comme plateforme pour promouvoir la propagande nationaliste, en publiant sur le canal Telegram officiel de Roscosmos des photos de trois cosmonautes brandissant les drapeaux des régions d’Ukraine soutenues par la Russie, en soutien flagrant à l’invasion en cours. Il a en outre menacé de restreindre l’accès à un bras robotique attaché à la Station Spatiale internationale.

Malgré ces nombreuses provocations, auxquelles la NASA n’a quasiment pas répondu, mis à part au sujet des drapeaux brandis au sein de l’ISS, la Russie et les États-Unis continuent de coopérer au sein de la station. Et bonne nouvelle pour cette coopération, Rogozin a été démis de ses fonctions au profit de Yury Borisov, Premier ministre adjoint russe chargé de l’espace et de la défense. De son côté, Rogozin pourrait hériter de la supervision des territoires en Ukraine pendant l’invasion.

Photographie du Soyouz qui approche de la Station Spatiale internationale.

Photographie du Soyouz qui approche de la Station Spatiale internationale. Photographie : Wikimédia / Domaine public

La coopération entre NASA et Roscosmos prend un nouvel (mais léger) élan grâce à l’ISS

Très fragilisée par la guerre, la coopération spatiale internationale pourrait bénéficier d’un nouvel élan. En effet, la Russie et les États-Unis vont échanger des sièges dans leurs fusées respectives. Depuis la fin du programme de la navette spatiale de la NASA, les Américains dépendaient du Soyouz russe pour se rendre jusqu’à l’ISS. Ce n’est désormais plus le cas grâce à la capsule Crew Dragon de SpaceX, mais la reprise de l’échange de siège est une très bonne nouvelle.

Ainsi, certains astronautes prendront place à bord du Soyouz tandis que des cosmonautes iront jusqu’à l’ISS grâce à la Crew Dragon. Des voyages sont d’ores et déjà prévus : l’astronaute de la NASA Frank Rubio volera aux côtés des cosmonautes Sergey Prokopyev et Dmitry Petelin lors de la mission Soyouz MS-22, dont le lancement est prévu le 21 septembre depuis le cosmodrome de Baïkonour au Kazakhstan. En outre, Lora O’Hara de la NASA partira aux côtés des cosmonautes Oleg Kononenko et Nikolai Chub lors de la mission Soyouz MS-23 au printemps prochain, rapporte Ars Technica.

Quant à la cosmonaute Anna Kikina, elle volera avec les astronautes Nicole Mann et Josh Cassada de la NASA et l’astronaute japonais Koichi Wakata lors de la mission Crew-5 en septembre. Le cosmonaute Andrey Fedyaev rejoindra les astronautes de la NASA Steve Bowen et Woody Hoburg dans le cadre de la mission Crew-6 au printemps prochain.

« Faire voler des équipages intégrés permet de s’assurer qu’il y a des membres d’équipage convenablement formés à bord de la station pour la maintenance essentielle et les sorties dans l’espace. Cela permet également de se prémunir contre des éventualités telles qu’un problème avec l’un des vaisseaux spatiaux de l’équipage, de graves problèmes médicaux de l’équipage ou une urgence à bord de la station qui nécessite qu’un équipage et le véhicule qui lui est assigné reviennent sur Terre plus tôt que prévu », a déclaré Josh Finch, porte-parole de la NASA, dans un communiqué.

Si les relations entre la Russie et l’Occident sont actuellement très mauvaises, la reprise d’une coopération plus poussée sur le plan spatial est positive, l’ISS étant un exemple parfait des prouesses pouvant être accomplies lorsque tout le monde travaille main dans la main.