Aux États-Unis, plusieurs sénateurs démocrates exigent que les entreprises minant des cryptomonnaies soient plus transparentes. Dans une lettre, publiée le 15 juillet, ils demandent à l’Environmental Protection Agency et au Département de l’Énergie d’obliger ces sociétés à divulguer leurs émissions de carbone et leur consommation d’énergie. Selon eux, les plus grosses entreprises de minage peuvent consommer autant que la quasi-totalité des foyers de Houston, au Texas.

Des quantités colossales d’électricités utilisées dans le minage de cryptomonnaies

Ce courrier, cosigné par six sénateurs, mentionne une enquête, initiée en janvier 2022, soulignant l’énorme quantité d’énergie requise pour le minage de cryptomonnaies. Ce procédé consiste à se servir d’ordinateurs spécialisés, fonctionnant en permanence afin de frapper de nouveaux jetons. Il est extrêmement énergivore. « Les résultats de notre enquête […] sont inquiétants […] car ils révèlent que les mineurs de cryptomonnaies sont de gros consommateurs d’énergie, responsables d’une quantité importante – et en croissance rapide – d’émissions de carbone », affirme le groupe de parlementaires.

Depuis l’interdiction de cette pratique en Chine en juin 2021, les États-Unis sont devenus le premier pays en matière de minage de ces actifs numériques. D’après les sénateurs, plus d’un tiers de la puissance de calcul mondiale consacrée au minage du bitcoin provient des États-Unis.

Afin de mener à bien leur investigation, le groupe de sénateurs a demandé des informations sur les sources d’énergie et leur consommation, ainsi que l’impact climatique de leurs activités aux sept plus grandes entreprises de minage présentes sur le territoire américain. Parmi elles, Stronghold, Greenidge, Bit Digital, Bitfury, Rio, BitDeer et Marathon. Selon les données récoltées, cette industrie utilise une vaste quantité d’électricité et relâche d’importantes émissions de carbone alors que les États-Unis luttent contre le réchauffement climatique.

La lettre précise que « les mineurs de bitcoins consomment d’énormes quantités d’électricité qui pourraient être utilisées pour d’autres utilisations finales prioritaires contribuant à nos objectifs en matière d’électrification et de climat, comme le remplacement des appareils de chauffage électrique par des pompes à chaleur ».

Les informations fournies par Bit Digital, Greenidge et Stronghold indiquent qu’à elles seules, ces trois entreprises émettent 1,6 million de tonnes de CO2 par an, soit la quantité produite par 360 000 voitures. « L’utilisation énergétique actuelle des cryptomonnaies entraîne de grandes quantités d’émissions de carbone et d’autres effets néfastes sur la qualité de l’air, ainsi que des impacts sur le réseau électrique », expliquent (PDF) les politiques.

Les entreprises du secteur se défendent

En réponse à la lettre des sénateurs, les entreprises ont présenté un rapport (PDF), datant du 8 février dernier. Il revient sur les mesures prises par l’industrie pour être plus respectueuse de l’environnement. Marathon assure travailler avec « des sociétés d’énergie pour construire des ressources énergétiques propres, vertes et renouvelables (par exemple, solaires ou éoliennes) qui ne pourraient pas être construites autrement ». Actuellement, la majorité de l’énergie exploitée par la société provient d’une centrale au charbon située à Hardin, dans le Montana.

Dans la même veine, Riot signale que « l’extraction de bitcoins entraîne une demande d’énergie renouvelable supérieure à celle du consommateur d’énergie américain moyen » mettant en avant l’utilisation de l’hydroélectricité dans le nord de l’État de New York. Cependant, aux États-Unis, le minage du bitcoin utilise en grande partie l’électricité tirée du charbon et du gaz.

Stronghold, quant à elle, a déclaré aux législateurs qu’elle « travaille activement sur l’assainissement des tas de déchets de charbon et à la conversion des déchets de charbon en énergie ». Si le nettoyage de ces déchets est une bonne idée, leur combustion produit toujours des émissions nocives.

Connaître les chiffres de l’émission et de la consommation d’énergie des sociétés minant de la crypto pourrait ne pas être suffisant pour réduire les émissions à court terme aux États-Unis. Selon les chercheurs de l’Electric Power Research Institute, une organisation qui étudie la production électrique du pays, pour atteindre l‘objectif de réduire de 50% les émissions de CO2 d’ici 2030, ce sont aux secteurs de l’électricité et des transports de prendre les devants pour diminuer ces émissions.

De leur côté, les entreprises de minage peuvent se tourner vers des solutions moins énergivores, comme des protocoles « proof of stake » pour agir à leur échelle. Elles peuvent, par exemple, se tourner vers des actifs numériques utilisant la preuve d’enjeu pour être frappés comme l’ether. En attendant, cette industrie devrait continuer à se développer, notamment au Texas, devenu le bastion du minage de cryptomonnaie.