De nouveaux documents publiés par l’American Civil Liberties Union (ACLU) révèlent l’ampleur considérable du suivi des données de localisation des américains et plus particulièrement des migrants, effectué par le ministère de la sécurité du pays.

Les services des douanes suivent les migrants grâce à leurs données

Selon ces nouveaux documents découverts, le gouvernement américain a utilisé les données de localisation des smartphones pour suivre les déplacements des personnes présentes sur son territoire, « à une échelle beaucoup plus importante que ce que l’on savait auparavant ».

Ce n’est un secret pour personne : les agences gouvernementales américaines ont obtenu et utilisé les données de localisation de plusieurs millions d’américains. Début 2022, deux sénateurs accusaient encore la CIA de collecter les données personnelles des américains.

Début 2020, un rapport du Wall Street Journal révélait que les services de l’immigration et des douanes et les services de la protection des frontières, avaient obtenu l’accès aux données de localisation de millions d’utilisateurs de smartphones dans l’objectif de traquer les migrants et les personnes soupçonnées de fraude fiscale.

Les nouvelles preuves apportées par l’ACLU révèlent l’étendue de cette collecte de données réalisée sans mandat. L’ONG a examiné plus de 6 000 documents qui prouvent que les services du ministère de la sécurité détenait 336 000 points de localisation à travers l’Amérique du Nord.

Une procédure illégale révélée au grand jour

Selon les documents, la majeure partie des données que les services des douanes ont obtenu proviennent d’un contrat avec Venntel, un courtier en données de localisation qui agrège et vend des informations siphonnées à partir d’applications de smartphones. En achetant ces données à des courtiers, les fonctionnaires américains ont contourné la procédure légale.

Les documents détaillent également les efforts déployés par les agences gouvernementales pour aider les services en charge de l’immigration. Les données de localisation des smartphones étaient par exemple caractérisées comme « ne contenant aucune information d’identification personnelle », alors qu’elles permettent aux fonctionnaires de suivre des individus spécifiques ou une personne dans une zone particulière.

Ce n’est pas tout : les dossiers affirment que ces données sont « 100% opt-in » et que les utilisateurs de smartphones partagent volontairement leurs informations de localisation. La plupart des personnes concernées ne savent pas que les applications installées sur leurs téléphones collectent des informations de localisation, et encore moins qu’elles partagent ces données avec le gouvernement…

Cette affaire pousse l’ACLU à inciter le Congrès à adopter une loi baptisée Fourth Amendment Is Not For Sale Act, proposée par les sénateurs Ron Wyden et Rand Paul. Celle-ci obligerait le gouvernement à obtenir une ordonnance du tribunal avant d’utiliser les données des américains et notamment les données de localisation.