Le réseau social détenu par ByteDance est très utilisé en Ukraine et en Russie. Pour cette raison, de nombreux avocats et activistes demandent à TikTok d’accéder aux contenus publiés pour s’en servir comme preuves de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et d’actes de violence illégaux en Ukraine. Cependant, le réseau social n’est pas très conciliant.

Les vidéos TikTok peuvent servir de preuves de crimes de guerre

TikTok est une application très populaire auprès des jeunes ukrainiens et des jeunes russes. Ils publient de nombreuses images de la guerre. Cependant, le réseau social résiste encore aux appels des experts pour conserver les contenus captés en Ukraine et en Russie. Des vidéos qui pourraient servir pour les enquêtes sur les crimes de guerre. Selon de nombreux observateurs, l’application représente un enjeu majeur en matière de données, pour les poursuites judiciaires concernant les atrocités commises lors de l’invasion russe en Ukraine.

En effet, TikTok a été critiqué pour sa lenteur à répondre aux demandes des instances judiciaires. Selon Dia Kayyali, directeur associé chez Mnemonic, une organisation à but non lucratif qui archive la documentation numérique des violations des droits de l’homme, « il y a beaucoup de méfiance à s’engager avec TikTok en raison de ses origines, et je pense que c’est à juste titre. Je m’inquiète de la sécurité des données, et l’on ne sait pas très bien d’où viennent l’intérêt et l’influence de l’entreprise. Il est particulièrement inquiétant que la Chine puisse avoir directement accès à ces données ».

La position du réseau social est délicate

Jusqu’à présent, la Chine a refusé de condamner la Russie pour son invasion en Ukraine et a même soutenu les plaintes de Moscou concernant l’expansion de l’OTAN. Pour TikTok, il faut bien reconnaître que l’équation n’est pas simple : le réseau social s’efforce de trouver un équilibre entre la suppression rapide des messages présentant des violences ou des contenus trompeurs et la préservation des preuves potentielles dans le cadre des procès à venir. Pour David Hasman, superviseur de l’analyse des données à la Cour pénale internationale, « TikTok est l’une des plateformes les plus difficiles du point de vue de la collecte des données ».

En effet, la façon dont TikTok conserve les données est très différente des autres réseaux sociaux. Depuis début 2022, TikTok a rencontré des avocats spécialisés dans les droits de l’homme, des militants et d’autres personnes impliquées dans les enquêtes sur les crimes de guerre en Ukraine. Cependant, le réseau social n’a pas encore introduit de changements significatifs dans son processus ou dans le produit lui-même. Cela sera pourtant nécessaire dans la mesure où les procureurs pénaux s’appuient de plus en plus sur les publications des réseaux sociaux pour « faire parvenir la scène du crime dans la salle d’audience ». Sur TikTok, 90% des contenus retirés pour des raisons de violation du règlement, ne sont pas vus par les modérateurs…