Microsoft a été choisie par Netflix pour gérer les publicités de sa future offre. Si ce partenariat peut paraître surprenant, il a été motivé par des raisons bien précises et pourrait rapporter gros à la firme de Redmond, dont l’activité publicitaire est pour le moment moins populaire que celles de Google ou de Meta.

Une solution pour remonter la pente

Les temps sont durs pour le numéro 1 du streaming mondial. Au premier trimestre 2022, Netflix a en effet enregistré sa première perte d’abonnés en plus d’une décennie, et la plateforme s’attend à en perdre près de 2 millions supplémentaires sur le deuxième trimestre. En conséquence, le moral n’est pas vraiment au beau fixe au sein de l’entreprise, qui a dû se séparer de plusieurs centaines de ses employés.

Pour remédier au problème, Netflix souhaite mettre en place différentes nouveautés comme la diffusion de contenu en direct ou un coût supplémentaire pour les abonnés partageant leur mot de passe en dehors de leur foyer. Une mesure annoncée par la plateforme sort toutefois du lot et pourrait lui permettre de sortir la tête de l’eau : le lancement d’une offre moins onéreuse supportée par la publicité. Bien que Netflix ait été réfractaire à cette idée pendant de nombreuses années, ce n’est plus le cas.

En juin dernier, nous apprenions que le service de streaming était en discussion avec Comcast et Google pour la gestion de ses activités publicitaires, mais c’est finalement Microsoft qui a remporté la bataille : « Nous sommes ravis que Netflix ait choisi Microsoft comme partenaire technologique et commercial pour la publicité. Nous voulons que les éditeurs disposent de plateformes de monétisation publicitaire viables à long terme, afin que davantage de personnes puissent accéder au contenu qu’elles aiment, où qu’elles soient », s’enthousiasme Satya Nadella, PDG de Microsoft, dans un tweet.

Pourquoi Microsoft ?

Ainsi, toutes les publicités qui seront visibles sur Netflix seront exclusivement disponibles sur la plateforme de Microsoft. Comme l’explique le Wall Street Journal, le choix de la firme de Redmond s’est notamment expliqué par deux éléments. Tout d’abord, Microsoft ne possède aucun service vidéo qui est en concurrence avec Netflix, contrairement à Google avec YouTube ou à Comcast avec Peacock.

Par ailleurs, Microsoft a racheté Xandr à AT&T à la fin de l’année dernière. Il s’agit d’une société de technologie publicitaire qui espère construire des solutions pour un monde « post-cookie ».

Aussi, la renommée de la firme de Redmond en matière de sécurité a, semble-t-il, pesé dans la balance : « Microsoft a la capacité avérée de répondre à tous nos besoins en matière de publicité alors que nous travaillons ensemble à la création d’une nouvelle offre soutenue par la publicité. Plus important encore, Microsoft a offert la flexibilité nécessaire pour innover au fil du temps, tant du point de vue de la technologie que des ventes, ainsi que de solides protections de la vie privée pour nos membres », écrit Greg Peters, directeur de l’exploitation et directeur des produits chez Netflix, dans un billet de blog.

Le logo de Microsoft sur la devanture d'un magasin.

Microsoft ne possède pas de plateforme vidéo concurrente à Netflix, contrairement à Google. Photographie : Turag Photography / Unsplash

Netflix doit encore convaincre Hollywood

« Nous n’en sommes qu’au début et nous avons beaucoup à faire. Mais notre objectif à long terme est clair. Un plus grand choix pour les consommateurs et une expérience de marque télévisée haut de gamme et plus linéaire pour les annonceurs. Nous sommes ravis de travailler avec Microsoft pour donner vie à ce nouveau service », continue Peters.

Désormais, Netflix est en discussion avec plusieurs studios hollywoodiens afin d’obtenir le droit de diffuser des publicités durant leurs œuvres. Certains d’eux pourraient par exemple vouloir décider du type de publicités qui seront diffusées. Pour rappel, la plateforme a assuré par le passé que son offre publicitaire serait beaucoup moins invasive que ce qu’il se fait à la télévision.

Si Netflix traverse une passe difficile, la plateforme reste le numéro 1 du streaming mondial. Il s’agit donc d’une opportunité en or pour l’activité publicitaire de Microsoft, portée par son moteur de recherche Bing et moins puissante que celles de ses concurrents directs ; elle représente en effet 6 % du chiffre d’affaires global de l’entreprise.