L’invasion de l’Ukraine par la Russie a incité les armées du monde entier à moderniser leurs technologies, et la Silicon Valley devrait largement en profiter. Depuis quelques mois, l’IA militaire est en plein essor.

La guerre en Ukraine : un accélérateur de l’IA militaire

Exactement deux semaines après l’invasion de l’Ukraine, Alexander Karp, CEO de Palantir, s’est adressé aux dirigeants européens. Selon lui, les gouvernements européens doivent absolument moderniser leur arsenal militaire, car la guerre est à leur porte. Il a écrit que « pour que l’Europe reste suffisamment forte pour vaincre la menace d’une occupation étrangère les gouvernements doivent se faire à l’idée d’une relation durable entre les nouvelles technologies et l’armée ». Les armées du monde entier n’ont pas tardé à répondre à cet appel.

En effet, le 30 juin 2022, l’OTAN a annoncé la création d’un fonds d’innovation d’un milliard de dollars dont l’objectif est d’investir dans des startups spécialisées dans des domaines tels que l’intelligence artificielle, le traitement des données ou encore l’automatisation. Même chose au Royaume-Uni : le gouvernement a lancé une nouvelle stratégie au sujet de l’intelligence artificielle, spécifiquement pour la défense, et les allemands ont affecté un peu moins d’un demi-milliard d’euros à la recherche et à l’intelligence artificielle pour « renforcer les capacités militaires du pays ».

Les gouvernements veulent des outils d’IA sur le champ de bataille

Selon Kenneth Payne, directrice de la recherche sur les études de défense au King’s College de Londres « la guerre est un catalyseur de changement ». C’est effectivement la réalité avec la situation en Ukraine. Cette guerre européenne a rendu plus urgente la volonté des gouvernements d’introduire davantage d’outils d’intelligence artificielle sur le champ de bataille. Ceux qui ont le plus à gagner sont les startups. Cependant, dès qu’il est question d’IA dans le domaine militaire, la question de l’éthique refait surface.

Il y a quelques années, les relations entre la tech et l’armée n’étaient pas aussi amicales. On se souvient notamment du retrait de Google à propos du projet Maven initié par le Pentagone. L’objectif était de construire des systèmes de reconnaissance d’images pour améliorer les frappes de drones. L’épisode a provoqué un débat animé sur les droits de l’Homme et la moralité du développement de l’IA pour les armes autonomes. Des chercheurs en IA très en vue, Yoshua Bengio, Demis Hassabis, Shane Legg et Mustafa Suleyman, fondateurs du laboratoire d’IA DeepMind, s’étaient même engagés à ne pas travailler sur l’IA létale.

Aujourd’hui, ces débats semblent bien loin. Les entreprises spécialisées dans l’intelligence artificielle affirment que leurs technologies peuvent être utile dans tous les domaines, du plus banal au plus mortel, de la vérification d’un CV, au traitement de données provenant de satellites, en passant par la reconnaissance de données pouvant aider les soldats à prendre des décisions plus rapides sur le champ de bataille. Une chose est sûre, ces technologies n’en sont encore qu’à leurs débuts dans le domaine militaire. Les armées entament une période d’expérimentation.