Opposé à la blockchain et sa nature décentralisée, Pékin cherche à contrôler cette technologie. Pour le gouvernement, elle représente un risque à cause de la confidentialité des transactions en cryptomonnaie. Le pays souhaite notamment réguler le marché des NFT qui constitue une importante opportunité économique. Les entreprises de la tech ont été incitées à développer une alternative aux jetons non-fongibles. Tencent, Ant Group et Baidu, avec la China Cultural Industry Association, fondée avec la permission du Conseil d’État, travaillent sur les objets de collections numériques, termes utilisés pour qualifier les NFT en Chine. Ce 30 juin, ils ont conjointement publié une proposition de développement pour « l’industrie des objets de collections numériques ».

Fin de l’anonymat des transactions et interdiction de la spéculation

Un an après l’interdiction des cryptomonnaies sur son territoire, le gouvernement chinois cherche encore à renforcer son contrôle sur le marché numérique. Conscient du poids économique des NFT, Pékin encourage les entreprises à développer une technologie ne reposant pas sur la blockchain. Les autorités ne veulent pas d’un système décentralisé où les utilisateurs échangent sous couvert d’anonymat, surtout si les transactions s’effectuent avec des monnaies alternatives au yuan.

Après plusieurs mois de travail et de réflexion, les géants de la tech, dont Tencent et Ant Group, ont défini certaines normes pour les objets de collections numériques. Ils ont également défini les bonnes pratiques que devrait suivre l’industrie. Selon les propositions, les plateformes de ventes de NFT devront disposer d’un permis réglementaire, les utilisateurs devront être clairement identifiables, la protection intellectuelle devra être garantie et la spéculation financière sera formellement interdite.

Le yuan numérique comme monnaie d’échange pour les NFT

Certaines entreprises chinoises proposent déjà des places de marché en ligne pour vendre des objets de collection numériques. Les mastodontes Tencent, Ant Group et Baidu utilisent une blockchain privée pour garantir le fonctionnement de leur plateforme de vente de NFT. Les utilisateurs peuvent uniquement payer avec de la monnaie fiduciaire, le yuan, pour effectuer des transactions. Le commerce secondaire, à l’extérieur de la plateforme, est aussi interdit pour empêcher le gonflement des prix.

D’autres entreprises comme Bilibili, le leader chinois du streaming vidéo, ne se plient pas à ces normes pour le moment. La société souhaite vendre ses NFT en dehors de la Chine et a fait appel à une entreprise singapourienne pour lancer une collection basée sur l’Ethereum.

Tencent et Ant Group comptent rester sur le marché chinois, mais agissent avec prudence face aux efforts de Pékin pour contrôler leurs activités. Pour apaiser le gouvernement, les deux entreprises se sont mises d’accord sur l’appellation « objets de collections numériques ». Elles ont aussi affirmé vouloir lutter contre la spéculation et les potentielles arnaques liées aux NFT.

Malgré leurs efforts, Tencent et Ant Group se trouvent dans une position délicate. Le yuan numérique, une monnaie numérique des banques centrales (MNBC), a été conçue avec la collaboration des deux firmes. Pékin pourrait envisager l’utilisation de cette monnaie pour les transactions d’objets de collection numériques, ce qui ne plaît pas aux géants de la tech. Ils possèdent déjà leurs propres applications de paiement, WeChat Pay et Alipay, et craignent que la démocratisation de cette MNBC les laisse sur la touche pour le futur des systèmes de paiement en ligne.