L’application de streaming française Deezer réalise une entrée plutôt difficile à la Bourse de Paris, ce mardi 5 juillet. La licorne fondée en 2007, avait déjà tenté d’intégrer le marché boursier en 2015. Une tentative avortée à cause des mauvaises conditions du marché.

Une introduction balbutiante pour Deezer

Alors que Deezer fait enfin son entrée en bourse, son action a été immédiatement malmenée. Seulement quelques heures après l’ouverture du cours à 8,50 euros, son action a chuté de 35 % pour atteindre 5,52 euros avant de se stabiliser à 6 euros.

C’est I2PO, un SPAC, une « société d’acquisition à vocation spécifique » cotée en Bourse ayant pour but d’être rachetée ou fusionnée, qui a rendu possible cette admission. Il a été fondé par la famille Pinault, par l’homme d’affaires français Matthieu Pigasse et Iris Knobloch, l’ancienne dirigeante de WarnerMedia, pour faciliter la cotation de Deezer. Elle a permis de récolter 143 millions d’euros lors d’une levée de fonds. L’entreprise de streaming musical français va d’ailleurs fusionner avec I2PO, désormais renommée Deezer.

Dans un communiqué, Jeronimo Folgueira, directeur général de Deezer, s’est félicité, « l’introduction en Bourse de Deezer sur Euronext Paris est une étape importante dans l’histoire de la société. Nous ouvrons désormais un nouveau chapitre passionnant pour nous développer, grandir et conquérir une part encore plus importante d’un marché du streaming musical en plein essor. En fusionnant avec I2PO et en entrant en Bourse, nous avons posé des fondations solides pour exécuter notre plan stratégique, avec le capital, l’expertise et le réseau adéquats ».

Iris Knobloch a laissé sa place de dirigeante d’I2PO à Jeronimo Folgueira et devient la vice-présidente du Conseil d’administration de Deezer. Elle a déclaré que « nous avons lancé I2PO, le premier SPAC européen dédié au divertissement et aux loisirs, avec l’ambition d’amener un champion européen vers de nouveaux sommets. Avec Deezer, nous avons trouvé la combinaison idéale, car sa nouvelle équipe de direction l’a extrêmement bien positionnée pour capter une part importante du marché du streaming musical en pleine croissance, grâce à sa marque bien établie, ses capacités technologiques exceptionnelles et sa plateforme évolutive ».

Le ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, Bruno Le Maire, était présent lors de l’entrée en bourse de Deezer. Il a salué la réussite culturelle de l’entreprise française.

Un marché concurrentiel

Deezer n’est pas la seule application de streaming musical à faire son entrée à la Bourse de Paris. Son concurrent direct, Spotify a lui aussi fait son introduction sur le marché boursier parisien. Selon le cabinet MIDiA, au second trimestre 2021, Spotify représentait 31 % des parts du marché mondial avec 406 millions d’utilisateurs, là où Deezer en détenait 2 %. Très populaire en France et au Brésil, Deezer compte près de 9,6 millions d’abonnés et était le service le plus utilisé sur le territoire français en 2019.

Avec un cours s’élevant à 6 euros lors de la clôture de la Bourse de Paris et une action chutant de 35%, la licorne française perd de l’argent. La santé financière de Deezer est également mise à mal. L’entreprise accusait une perte de 120 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 400 millions d’euros en 2021. Les actionnaires espèrent profiter de la croissance rapide du marché du streaming pour renflouer les caisses et « atteindre la rentabilité opérationnelle » d’ici 2025.