Dans un rapport publié le 28 juin, le cabinet d’analyse Newzoo revient sur l’état actuel du métavers. Plus de 500 entreprises, issues du monde de la tech ou du jeu vidéo, ont des projets en lien avec le développement d’univers virtuels. Malgré cet engouement généralisé, les entreprises ne partagent pas une vision unique de ce qu’est le métavers. Au cœur du débat : la blockchain, dont dépend le fonctionnement du métavers selon certains. D’autres pensent qu’il existe des alternatives.

Le métavers n’a pas de définition unique

De nombreux acteurs de l’industrie de la tech s’intéressent aux possibilités du métavers. Meta en a fait son cœur de métier avec le développement de la réalité virtuelle et son changement de nom. Côté jeux vidéo, Epic Games utilise Fortnite pour créer des événements virtuels, comme des concerts, et Sony cherche également à profiter des opportunités liées à ce secteur. Pour dessiner les grandes lignes du métavers, plusieurs acteurs de l’industrie ont récemment formé le Metaverse Standards Forum. Un groupe qui veut assurer l’interopérabilité des métavers, pour le rendre plus accessible.

Même si les entreprises sont nombreuses à développer leur métavers, elles ne partagent pas une définition unique de celui-ci. Pour Tim Sweeney, PDG d’Epic Games, il s’agit d’un « média social 3D en temps réel, où les gens peuvent créer et s’engager dans des expériences partagées en tant que participants égaux dans une économie ayant un impact sociétal ».

De son côté, Newzoo le définit comme « un réseau interconnecté et interopérable de mondes virtuels persistants, peuplés d’un grand nombre de joueurs qui interagissent entre eux par l’intermédiaire d’avatars numériques en 3D, qui offrent aux utilisateurs un sentiment d’immersion et de présence accru ».

Mihai Vicol, analyste du métavers chez Newzoo, explique que l’évolution des mondes virtuels est une opportunité importante pour les marques. Ces dernières pourraient accéder à de nouvelles perspectives commerciales puisque le métavers est un espace publicitaire à part. Elles peuvent ainsi toucher un public très différent de celui qu’elles ont l’habitude d’atteindre avec les publicités physiques.

Entreprise métavers.

Parmi les 500 entreprises qui travaillent sur le métavers se trouvent des réseaux sociaux, des entreprises du jeux vidéo ou du commerce en ligne. Image : Newzoo.

La blockchain n’est pas la seule alternative

Certaines entreprises veulent vendre leurs produits directement dans le métavers. Ce type de commerce virtuel pose un défi puisqu’il faut garantir la propriété des objets à leurs acheteurs. Cela peut passer par l’utilisation de la blockchain pour faire de ces objets des NFT, censés garantir leur authenticité. Meta a déjà conçu ses NFT pour l’économie de son futur métavers.

Le rapport mentionne les jeux vidéo « play to earn », comme Axie Infinity et CryptoKitties, qui permettent de gagner de l’argent en collectant et vendant des objets virtuels. Le métavers pourrait s’inspirer de ce modèle économique reposant sur la blockchain, mais il y a un problème de taille : ces jeux n’attirent pas beaucoup de joueurs. De plus, selon une étude récente, 60% des consommateurs ne sont pas intéressés par le shopping virtuel. « Les jeux qui reposent sur la blockchain fonctionneront seulement quand les développeurs feront des jeux avancés techniquement et qui sont vraiment amusants. Ils doivent trouver une nouvelle utilité aux NFT pour attirer des joueurs mainstream », précise Mihai Vicol de Newzoo.

Avoir recours à la blockchain n’est pas la seule option envisageable pour construire un métavers. Fortnite et Roblox en sont la preuve comme le précise le rapport. Ces deux jeux font partie des plus joués dans le monde et s’aventurent déjà dans le métavers sans avoir recours aux NFT. Leur modèle économique repose sur la vente d’une monnaie virtuelle, les V-bucks pour Fortnite, qui servent à acheter des microtransactions, comme un costume pour son personnage.

En mai dernier, Roblox a lancé une collaboration avec Spotify pour vendre des objets virtuels sous la forme de microtransactions. Ces microtransactions, qui représentent déjà la source de revenus principale des jeux gratuits, devraient représenter 51 milliards de dollars de chiffre d’affaires d’ici 2025 selon une étude de ReportLinker. Un état de fait qui interroge quant à la place qu’occupent les NFT et la blockchain dans les discussions sur le métavers.