Deux ans après avoir racheté le groupe Mondadori, propriétaire du magazine Science & Vie, entraînant en 2021 le départ de nombreux journalistes, Reworld Media poursuit ses acquisitions. Le groupe a annoncé mardi 28 juin le rachat des activités Publisher de Unify, le pôle d’édition web de TF1. L’entreprise, controversée, ajoute à son catalogue déjà pléthorique des sites d’information spécialisée comme Gamekult, Les Numériques, Doctissimo ou encore Marmiton.

Le premier groupe de presse magazine français s’étend vers le web

Avec cette acquisition, Reworld Media possède plus d’une soixantaine de titres et renforce sa position de premier groupe de presse magazine français. Il consolide également son activité en ligne et porterait son audience globale à 36 millions de visiteurs uniques mensuels. Outre les médias déjà mentionnés, Reworld Media acquiert également aufeminin, Minutes Buzz, Juste Mieux, Hero ou encore Fraîches.

Le groupe étend aussi sa portée à l’international puisque cette acquisition lui donne accès à deux médias britanniques : Netmums et Sofeminine. L’entreprise défend sa stratégie de proposer des contenus thématiques et espère devenir un acteur majeur dans le domaine de la santé, du high-tech et de la presse féminine avec ce rachat.

« Reworld Media deviendrait le leader dans le digital sur toutes les verticales thématiques qu’il couvre. Ce serait une opération extrêmement structurante, nous serions ravis d’accueillir ces nouvelles activités de qualité, porteuses de nouvelles opportunités », explique Gautier Normand, directeur de l’entreprise.

Reworld Media, un groupe au passif problématique pour l’indépendance de la presse

Cette nouvelle est loin de réjouir les acteurs de la presse française. En 2019, l’acquisition de magazines comme Science & Vie, Guerre & Histoire ou encore Auto Plus par Reworld Media avait totalement chamboulé le travail dans les rédactions. Estimant ne plus pouvoir pratiquer leur activité de journalistes dans des conditions d’indépendance acceptables, dix journalistes de Science & Vie avaient fait valoir la clause de cession pour quitter la rédaction. D’autres ont continué à partir au fil des années. Certains d’entre eux ont fondé le magazine scientifique Epsiloon en 2021.

Arrêt sur Image, le média qui critique les médias avait publié en 2019 une enquête titrée « Reworld, ou le cauchemar de l’avenir du journalisme ». Celle-ci revenait sur la stratégie de Reworld Media qui chercherait à rentabiliser au maximum ses activités au détriment de la qualité de l’information. L’entreprise a notamment recours à beaucoup de délocalisations et certaines rédactions fonctionnent avec plus de stagiaires que de journalistes. Une situation qui ne contribue pas à améliorer la confiance dans les médias, déjà très faible en France.

Gamekult, média en ligne dédié aux jeux vidéo, appartenait au groupe TF1 depuis 2015 et venait d’annoncer sa fusion avec Les Numériques début 2022, ce qui devait lui permettre de maintenir sa bonne santé financière. L’ensemble de sa rédaction a découvert la nouvelle du rachat en même temps que tout le monde et s’interroge sur le sort qui lui sera réservé.