Le gouvernement chinois a révélé jeudi 23 juin ses « directives pour renforcer la construction d’un gouvernement numérique ». Ce plan précise les objectifs de l’Empire du Milieu pour la transformation de son mode de gouvernance à l’aide du numérique d’ici 2035. Il espère renforcer la stabilité économique du pays avec un meilleur usage du big data. Des données qui pourraient être exploitées pour consolider sa politique de surveillance et de contrôle des citoyens.

Pékin veut mettre en place un système de prévisions économiques

La première étape de ce grand projet de transformation numérique est la construction d’un système exploitant plus efficacement les données. Sans rentrer dans les détails, le pays aimerait atteindre cet objectif en 2025 et devrait aider Pékin à concevoir une politique de gouvernance plus scientifique, précise et efficace. De cette façon, le gouvernement veut parvenir à une meilleure gestion de son économie.

Le plan explique que « la Chine va renforcer l’intégration, la collecte et la gestion des données économiques pour développer des bases de données de gouvernance économique et elle va utiliser le big data pour améliorer l’analyse de l’économie et signaler les potentiels risques ». Concrètement, Pékin souhaite concevoir des outils de prédiction économique qui utilisent le big data. De telles méthodes sont par exemple utilisées par l’OCDE, mais uniquement pour des prévisions à court terme du PIB.

Un renforcement de la politique autoritaire par le numérique

Malheureusement, ce plan dessine aussi les contours d’un renforcement de la politique autoritaire de Pékin. Alors que le pays fait déjà un usage poussé des technologies de surveillance et que le crédit social des citoyens conditionne certains aspects de leur quotidien, ces politiques restrictives pourraient devenir plus importantes.

Le South China Morning Post rappelle que des dirigeants locaux de la ville de Zhengzhou, dans la province du Henan, n’ont pas hésité à détourner les systèmes de QR code durant la crise sanitaire. Ce dispositif qui indique via une lumière verte ou rouge si une personne peut accéder à un lieu en fonction de son état de santé a été utilisé pour restreindre les déplacements de dissidents potentiels et de manifestants. Un détournement rendu possible par l’utilisation de vastes bases de données personnelles.

Sous couvert de sécurité, la Chine prétend vouloir mettre en place un système de prédiction et de prévention des dangers à l’aide des données de sécurité publique. Un véritable scénario à la Minority Report. Pékin compte également améliorer son programme « Sharp Eyes », un système de surveillance de masse qui a pour objectif de couvrir l’intégralité de l’espace public selon le Center for security and emerging technology.

Ce nouveau plan pour le numérique ne le mentionne pas directement, mais les dispositifs de reconnaissance faciale jouent un rôle majeur dans la politique de surveillance du gouvernement. Une technologie qui permet déjà à Pékin de connaître les déplacements de certains de ses citoyens.

Crédit social, détournement des mesures sanitaires, surveillance vidéo et reconnaissance faciale, la Chine met tous les moyens techniques en œuvre pour garantir la mise en application de sa politique autoritaire. Souvent qualifié de première dictature numérique, l’Empire du Milieu semble maintenir cette direction pour 2035.