Une étude interne menée chez Amazon montre que le géant américain pourrait manquer de travailleurs dans ses entrepôts américains d’ici 2024. Jeff Bezos a toujours misé sur le renouvellement des employés dans les entrepôts, pour éviter de « s’enfoncer dans la médiocrité ». Si cette étude dit vrai, il pourrait s’en mordre les doigts.

Une crise de main-d’œuvre dès 2024 chez Amazon ?

Le rapport est très clair : si l’entreprise conserve ses pratiques managériales habituelles, l’offre de main-d’œuvre disponible aux États-Unis risque de s’épuiser dès 2024. Certaines régions du pays pourraient même être touchées avant cette date. C’est par exemple le cas de Phœnix en Arizona, qui aurait déjà épuisé « son bassin de main-d’œuvre disponible » depuis fin de 2021. La région de l’Inland Empire en Californie pourrait atteindre le point de rupture d’ici la fin de l’année 2022, selon l’étude. Le problème est simple : en moyenne, le travailleur d’un entrepôt ne reste que huit mois chez Amazon.

Le taux d’attrition annuel est d’environ 150%, soit plus du double de celui des secteurs comparables du commerce de détail et de la logistique aux États-Unis. Le rapport met en avant le très faible taux horaire appliqué chez Amazon. Alors que des entreprises comme Walmart offrent au personnel d’entrepôt expérimenté 25 dollars de l’heure, chez Amazon on ne dépasse pas les 18 dollars de l’heure. Un choix que l’entreprise pourrait bien payer très cher. C’est sans compter sur la tristement célèbre politique en matière de conditions de travail appliquée par Amazon…

Des conditions de travail inacceptables

Il y a un tas d’exemples sur ce sujet. L’année dernière aux employés d’un entrepôt ont été tués à cause du passage d’une tornade à proximité d’un entrepôt. Amazon avait refusé qu’ils rentrent chez eux. Aujourd’hui, l’entreprise est accusée de faire obstruction à l’enquête sur l’effondrement de l’entrepôt. Il y a aussi les 140 000 chauffeurs-livreurs britanniques qui ont été indemnisés parce que des caméras dotées d’une intelligence artificielle étaient installées dans leurs camionnettes pour les surveiller. Ce ne sont là que des exemples très récents, qui expliquent pourquoi certains entrepôts se dotent d’un syndicat.

Jose Pagan, un ancien employé d’entrepôt de 35 ans dans le Bronx, à New York, a raconté qu’il avait été licencié après avoir pris deux jours de congé pour se faire enlever une dent infectée. Il avait accumulé suffisamment de vacances pour couvrir cette absence, mais Amazon n’a pas voulu les utiliser car l’employé n’avait pas anticipé sa demande à l’avance. Son badge a très vite cessé de fonctionner.

Pourtant, Amazon est conscient que payer davantage ses travailleurs est une bonne idée. L’étude montre que le réservoir de main-d’œuvre augmente de 7% pour chaque dollar ajouté au salaire. Augmenter le taux horaire de 1,50 dollar pourrait suffire à repousser de trois ans la crise de 2024…