L’Office fédéral allemand de lutte contre les cartels, le Bundeskartellamt, a annoncé ce 21 juin l’ouverture d’une enquête afin de lever le jour sur de possibles pratiques concurrentielles de Google Maps. Ce n’est pas la première fois que le régulateur d’outre-Rhin se lance dans une telle investigation sur un service de Google.

De quoi est accusé Google Maps ?

Selon l’Office, de premières constatations suggèrent que la firme de Mountain View limite les options permettant d’utiliser des fournisseurs de cartes alternatifs lorsque des développeurs ou des entreprises cherchent à combiner leurs offres avec Google Maps. Le régulateur examine également les conditions d’octroi de licences pour l’utilisation des services cartographiques de Google dans les véhicules.

Un smartphone ouvert sur Google Maps.

Les régulateurs s’inquiètent du fait que Google limite la possibilité d’intégrer les données de position de Google Maps, Street View ou la fonction de recherche sur les cartes d’autres fournisseurs. Photographie : Mika Baumeister / Unsplash

« Nous disposons d’informations suggérant que Google pourrait restreindre la combinaison de ses propres services cartographiques avec des services cartographiques tiers, par exemple lorsqu’il s’agit d’intégrer les données de localisation de Google Maps, la fonction de recherche ou Google Street View dans des cartes non fournies par Google », explique Andreas Mundt, président du Bundeskartellamt.

« Nous allons maintenant examiner si cette pratique peut permettre à Google d’étendre davantage sa position de pouvoir concernant certains services de cartographie », continue-t-il. Contacté par le média TechCrunch, un porte-parole de Google s’est exprimé au sujet de cette affaire, en rappelant que, selon lui, les utilisateurs ont le choix d’utiliser n’importe quel service cartographique, et n’hésitent d’ailleurs pas à le faire :

« Les développeurs et les entreprises choisissent d’utiliser Google Maps Platform parmi de nombreuses options car ils reconnaissent qu’elle fournit des informations utiles et de haute qualité aux utilisateurs. Ils sont également libres d’utiliser d’autres services de cartographie en plus de Google Maps Platform – et beaucoup le font. Nous coopérons toujours avec les organismes de réglementation et sommes heureux de répondre à toutes les questions qu’ils peuvent se poser sur notre activité ».

L’Allemagne a renforcé sa législation pour réguler les GAFA

Cette enquête s’inscrit dans le cadre d’une décision rendue en janvier dernier, durant laquelle le Bundeskartellamt a reconnu la « domination de Google sur l’ensemble des marchés ». L’antitrust allemand estime que l’entreprise jouit d’une position de force économique telle que la concurrence n’a même plus l’effet régulateur attendu. Cette décision abaisse le seuil d’intervention de l’autorité de régulation pour résoudre les problèmes de concurrence potentiels.

Il est donc très probable que de nouvelles investigations à l’encontre de Mountain View voient le jour chez nos voisins allemands. D’ailleurs, les autres membres des GAFA sont, eux aussi, dans le viseur des autorités. Le mois dernier, Meta a également été désignée comme dominante sur tous les marchés, à l’instar d’Amazon en mai 2021. Pour l’heure, Apple n’a pas encore obtenu ce statut, mais le Bundeskartellamt étudie actuellement cette possibilité.

En Allemagne, deux autres enquêtes à l’encontre de Google sont en cours. L’une s’intéresse à Google News Showcase, son service mettant en avant le contenu de médias partenaires, tandis que l’autre cible le traitement des données personnelles des utilisateurs.

L’Union européenne se veut pionnière dans la régulation des big tech

Plus globalement, l’Union européenne fait figure de pionnière dans la régulation des géants technologiques. Elle s’est d’ailleurs mise d’accord sur le Digital Markets Act, un texte qui va permettre de largement mieux réguler ce qu’il qualifie de « gatekeepers », c’est-à-dire les plus grandes plateformes technologiques qui contrôlent l’accès aux marchés numériques pour d’autres entreprises.

Visant à combattre les pratiques anticoncurrentielles sur le Vieux Continent, la loi prévoit des sanctions exemplaires à l’encontre des big tech reconnues coupables, avec des amendes pouvant aller jusqu’à 10 % de leur chiffre d’affaires annuel.