SpaceX continue d’enchaîner les records. La firme a en effet réalisé trois lancements en seulement 36 heures, marquant ainsi la séquence de trois missions la plus rapide de l’histoire pour une société de lancement commerciale. Malgré cet exploit, l’entreprise traverse une période tourmentée en interne.

De la côte est à la côte ouest

Les trois lancements ont été réalisés par un Falcon 9, le lanceur réutilisable et ultra fiable de SpaceX. Le premier a eu lieu ce vendredi 17 juin depuis le complexe de lancement 39A du Centre spatial Kennedy. La fusée a ainsi propulsé 53 satellites Starlink en orbite basse, complétant un peu plus la constellation dont la mission est d’apporter un Internet haut débit aux zones les plus isolées du monde. Ce lancement fait figure de nouveau record également : le booster a effectué son treizième vol avec un atterrissage sur une barge.

Le second lancement a eu lieu le lendemain depuis le complexe spatial 4E de la base des forces spatiales de Vandenberg en Californie. Cette fois, le Falcon 9 a acheminé le satellite d’imagerie radar SARah-1, construit par Airbus pour l’armée allemande. Le lanceur utilisé avait déjà réalisé deux missions cette année. Enfin, le troisième lancement de cette série impressionnante a été effectué ce 19 juin depuis le complexe 40 de la base de Cap Canaveral, en Floride. Le Falcon 9 a transporté un satellite de rechange pour l’opérateur de satellites en orbite terrestre basse Globalstar.

Les trois boosters ont été récupérés pour réutilisation, un exploit lorsque l’on sait qu’il y a sept ans, le fait de réutiliser des fusées paraissait quasi impossible. Cela démontre à quel point SpaceX a changé la donne dans ce secteur après d’innombrables lancements échoués, l’entreprise d’Elon Musk est désormais une véritable référence et est l’un des plus importants partenaires de la NASA.

Deux lanceurs Falcon 9 en train d'atterrir.

Depuis que le Falcon 9 peut atterrir, SpaceX a totalement chamboulé le secteur spatial. Photographie : SpaceX

Des turbulences en interne

Malgré le nouveau record établi par SpaceX, un événement est récemment venu ternir l’image de l’entreprise valorisée à plus de 125 milliards de dollars. En effet, plusieurs employés ont rédigé une lettre dans laquelle ils faisaient part de leur mécontentement envers Elon Musk, le PDG de SpaceX, et appelaient à plus d’inclusivité au sein de la société. « Le comportement d’Elon dans la sphère publique est une source fréquente de distraction et d’embarras pour nous et ce, particulièrement ces dernières semaines. En tant que PDG et porte-parole le plus en vue, Elon est considéré comme le visage de SpaceX – chaque tweet envoyé par Elon est une déclaration publique de facto de l’entreprise. Il est essentiel de faire comprendre à nos équipes et à notre bassin de talents potentiels que ses messages ne reflètent pas notre travail, notre mission ou nos valeurs », pouvait-on y lire.

Ils faisaient notamment référence aux accusations de harcèlement sexuel pesant à l’encontre du milliardaire, ainsi que des sorties rocambolesques de ce dernier sur Twitter depuis son annonce du rachat du réseau social. Peu de temps après la diffusion de la lettre, la présidente de SpaceX, Gwynne Shotwell, a annoncé le licenciement de plusieurs employés de la firme impliqués dans la rédaction de la lettre.

Elle a ainsi affirmé que « la lettre, les sollicitations et le processus général ont mis les employés mal à l’aise, les ont intimidés, les ont intimidés et/ou les ont mis en colère parce que la lettre les a poussés à signer quelque chose qui ne reflétait pas leurs opinions ». La diffusion de la lettre, a-t-elle ajouté, allait à l’encontre des politiques de l’entreprise « et ne démontrait pas le jugement fort nécessaire pour travailler dans ce secteur très difficile qu’est le transport spatial ».

SpaceX est sur plusieurs fronts

Malgré tout, SpaceX a d’ores et déjà réalisé 26 lancements en 2022 et poursuit donc son rythme effréné de 2021, année durant laquelle l’entreprise en a opéré 31. Cette année, ce nombre pourrait donc doubler. En plus de son Falcon 9 et de Starlink, SpaceX se concentre sur Starship, son lanceur super lourd qui pourrait faire de l’ombre au SLS de la NASA.

Si le prototype de la fusée n’a pas encore réalisé de vol orbital, cela pourrait être prochainement le cas, SpaceX ayant finalement obtenu les autorisations nécessaires de la part de la Federal Aviation Administration (FAA). Par ailleurs, Starship a été choisie par l’agence spatiale américaine en tant qu’alunisseur dans le cadre du programme Artemis, durant lequel des humains retourneront sur la Lune.