Face à un risque d’invasion par une puissance étrangère, il fut un temps où les pays transféraient leur or en sécurité. Les choses n’ont pas changé au XXIe siècle, cet or s’est simplement transformé en données. Le Wall Street Journal rapporte que l’Ukraine a commencé à envoyer des bases de données sensibles en Pologne, et discute avec la France et l’Estonie, pour les mettre hors de portée de Moscou.

Sauver les sauvegardes

Lors des premiers jours de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, lancée le 24 février, un missile a endommagé un centre de données du pays. Un message d’alerte rapporte George Dubinskiy, vice-ministre ukrainien de la Transformation numérique. La nécessité de disposer de sauvegarde à l’abri à l’étranger est devenue une évidence.

Selon le vice-ministre, 150 registres de ministères ou d’agences gouvernementales, des copies de sauvegardes, ont été déplacés hors des frontières ukrainiennes ou sont en discussion pour l’être. Le but est tout à la fois de les protéger de cyberattaques et d’attaques physiques.

Accessible aux fonctionnaires sur le cloud, Victor Zhora, chef adjoint du service d’État ukrainien chargé des communications spéciales et de la protection de l’information, a expliqué « En cas d’urgence, nous devons nous assurer que nos systèmes informatiques continuent de fonctionner ».

L’Ukraine confie ses données les plus sensibles

Pour le moment, un cloud dédié a été créé avec la Pologne, testé par des fonctionnaires des deux pays. Les bases de données transférées, qualifiées de « VIP », sont celles nécessaires au bon fonctionnement du pays comme, par exemple, les données fiscales. Concevoir un système adapté pour accueillir des bases de données aussi importantes, en taille comme en valeur, prend des semaines.

La France, l’Estonie et d’autres devraient également contribuer. Ce type de transfert ne se réalise cependant pas en un claquement de doigts. Il nécessite des assurances juridiques et de cybersécurité de haut niveau vu la sensibilité des informations recueillies par le pays hôte.