Les centres de données sont la clé de voûte des activités des géants de la tech, permettant l’accès à de nombreux services en ligne. Au-delà de l’enjeu économique, ils soulèvent de véritables préoccupations écologiques et sécuritaires. Microsoft, Meta et Google ont décidé d’expérimenter l’utilisation de l’IA pour optimiser et garantir le bon fonctionnement des centres de données exposés à des pannes plus récurrentes.

Une réponse aux problèmes de sécurité pour les techniciens

Contrairement aux idées reçues, travailler dans un centre de données n’est pas sans risques pour les techniciens qui assurent son fonctionnement. En cas de défaillances, ces derniers doivent intervenir sur des équipements électriques qui sont continuellement alimentés. Ces incidents, s’ils ne sont pas anticipés, peuvent rapidement tourner à la catastrophe. Le secteur est encore marqué par l’incendie qui a dévasté le centre de données d’OVH à Strasbourg en 2021, ne faisant heureusement aucun blessé.

En 2015, cinq employés d’un centre de données d’Apple aux États-Unis ont eu beaucoup moins de chance. Ils ont été blessés et emmenés à l’hôpital suite à une fuite de chlore gazeux. Ce produit chimique est notamment utilisé pour stériliser l’eau présente dans les systèmes de refroidissement des serveurs. Afin d’empêcher ces accidents, les géants de la tech conçoivent des intelligences artificielles qui anticipent les défaillances.

Microsoft a développé un système d’IA qui analyse des données fournies par des capteurs et alerte immédiatement les équipes en charge des centres de données pour « prévenir ou atténuer l’impact des incidents de sécurité », a expliqué un porte-parole de l’entreprise à TechCrunch. Le but étant de minimiser les interventions humaines lors de situations à risque.

De telles situations peuvent se produire lorsqu’un centre de données est exposé à une canicule, voire une inondation. C’est pour cette raison que Meta travaille sur une IA capable de simuler le fonctionnement des centres de données dans ce type de conditions environnementales extrêmes. La société essaye ainsi de réduire les opérations dangereuses pour ses employés.

L’IA face aux conséquences environnementales des centres de données

L’aspect sécuritaire n’est pas la seule préoccupation des entreprises. Selon une enquête menée par l’IT Uptime Institute en 2020, un tiers des gestionnaires de centres de données ont été exposés à des pannes majeures durant l’année. Ces dysfonctionnements coûtent cher et sont de plus en plus courants. Un sixième des entreprises ont affirmé que ces pannes leur ont coûté un million de dollars. En 2019, elles n’étaient qu’un dixième à rencontrer des problèmes d’une telle ampleur. En 2020, durant la pandémie, Microsoft a connu plusieurs pannes de son service cloud Azure avec l’augmentation de son utilisation.

Les IA pourraient prévenir ces situations pour permettre aux entreprises de faire des économies. Au-delà des pannes, elles peuvent détecter les surconsommations énergétiques des centres de données et optimiser leur besoin en électricité. C’est ce que fait Google depuis 2018 avec son IA, DeepMind, qui lui aurait permis de diminuer la consommation électrique moyenne des serveurs de 30%.

Ces IA représentent aussi un atout face aux enjeux environnementaux. Les centres de données comptent pour 1% de la consommation d’électricité globale et ont contribué à 0,3% des émissions de gaz à effet de serre en 2020 selon un rapport de l’Environmental Investigation Agency (EIA). Les systèmes de refroidissement des serveurs sont au centre de la problématique écologique. Microsoft utilise par exemple une IA qui diminue le gaspillage énergétique lié au refroidissement en utilisant des données télémétriques pour détecter les points de chaleur.

Les systèmes de refroidissement liquide sont une alternative au problème posé par l’évacuation de l’air chaud généré par les serveurs. Pourtant, un centre de données consomme jusqu’à 19 millions de litres d’eau par jour pour garantir son fonctionnement selon l’EIA. Microsoft prévoit de construire entre 50 et 100 centres de données par an, augmentant l’impact écologique de ces derniers.

La firme de Redmond pourrait faire appel à son IA Planetary Computer qui a pour fonction de répondre aux défis écologiques, en estimant par exemple la consommation d’eau de ses centres de données. Si les géants de la tech ne sont plus en capacité de refroidir leurs centres de données, le réchauffement climatique pourrait entraîner une augmentation du nombre de pannes.