Des pourparlers seraient en cours pour le rachat de NSO Group, l’entreprise derrière le sulfureux logiciel espion Pegasus. L’acquéreur, L3Harris, est une société de l’industrie de défense américaine. Auprès des médias Haaretz, Guardian et du Washington Post, la Maison-Blanche a exprimé le 14 juin ses inquiétudes.

Les États-Unis n’apprécient pas des masses NSO

C’était l’affaire de l’été 2021. Plusieurs médias dévoilaient qu’une entreprise israélienne, NSO Group, avait largement vendu, y compris à des régimes peu recommandables, un outil de piratage extrêmement sophistiqué, Pegasus. Il a servi à espionner des journalistes, des militants des droits de l’homme, des hauts fonctionnaires, responsables politiques et avocats…

Selon Intelligence Online, NSO Group aurait attiré l’attention de L3Harris. L’entreprise, basée en Floride, est connue pour vendre de l’équipement à l’armée américaine et des systèmes de surveillance pour les autorités. Elle serait principalement intéressée par la technologie de base et une partie du personnel de la société israélienne.

L’occasion est belle, marquée par le scandale de l’année dernière, NSO est perclus de dettes, les clients se font moins nombreux et son investisseur, Novalpina Capital, est agité par des conflits internes. D’un autre côté, sa technologie reste à la pointe de ce qui se fait dans le domaine.

Ces discussions pourraient cependant se retrouver rapidement face à un, voire plusieurs murs. Tout d’abord, en rétorsion de l’espionnage via Pegasus de plusieurs citoyens américains, dont des fonctionnaires du département d’État, NSO a été placé sur liste noire par l’administration Biden en novembre 2021.

Un haut fonctionnaire de la Maison-Blanche a déclaré au Guardian que le gouvernement « s’oppose aux efforts déployés par les entreprises étrangères pour contourner les mesures de contrôle des exportations américaines ou les sanctions, y compris le placement sur la liste des entités du ministère américain du Commerce pour les cyberactivistes malveillantes ».

Les États-Unis pourraient tout à fait s’opposer à cette acquisition, mais même si elle devait avoir lieu, cela « ne supprimerait pas automatiquement une entité désignée de la liste des entités et donnerait lieu à un examen approfondi ». La création d’une nouvelle entité est envisagée.

Pegasus va-t-il traverser l’Atlantique ?

Il n’y a pas que les droits de l’homme qui soulève l’hostilité américaine, mais aussi les risques d’espionnages d’une entreprise de défense. La question de l’hébergement des technologies de NSO est toujours en suspend. Va-t-il être maintenu en Israël ?

Cette condition pourrait être posée par Jérusalem pour accepter le marché. Vu la nature du travail de NSO, le gouvernement israélien a un droit de regard sur les pays auxquels les produits comme Pegasus étaient proposés. Cela lui a valu d’être éclaboussé en 2021 par le scandale, mais lui laisse la possibilité de refuser que l’entreprise soit revendue.

Selon les informations de Haaretz, du Guardian et du Washington Post, la technologie de NSO sous bannière L3Harris serait destinée aux pays des Five Eyes, l’accord de partage d’information entre les États-Unis, le Royaume-Uni, l’Australie, la Nouvelle-Zélande et le Canada, et à quelques gouvernements de l’OTAN.