La National Highway Traffic Safety Administration (NHTSA), agence fédérale américaine chargée de la sécurité routière, s’apprête à révéler des données portant sur les collisions impliquant des véhicules dotés d’un système de conduite autonome ou partiellement automatisé. Ces chiffres devraient mettre en lumière le nombre important d’accidents impliquant des véhicules Tesla par rapport aux autres constructeurs.

Tesla est impliqué dans bien plus d’accidents que ses concurrents

Le gouvernement des États-Unis a lancé une enquête à l’encontre de l’Autopilot de Tesla en août dernier après une série d’une trentaine d’accidents impliquant des véhicules de l’entreprise d’Elon Musk. Dans le cadre de cette investigation, les autorités ont demandé à plusieurs constructeurs automobiles des données sur leur propre système de conduite assistée de niveau 2, notamment des informations sur les rapports de terrain et d’accidents, ainsi que toute action en justice liée à ces systèmes de conduite.

Ce sont les résultats de cette requête qui seront prochainement publiés, et que le média ABC News a pu consulter au préalable. Les chiffres sont catégoriques : le taux d’accidents de Tesla pour 1 000 véhicules est nettement plus élevé que les chiffres correspondants des autres constructeurs automobiles ayant fourni des données à la NHTSA. L’agence a reçu 191 rapports d’accidents impliquant des Tesla sur Autopilot et d’autres véhicules, ainsi que 16 accidents supplémentaires concernant des véhicules d’urgence stationnés ou munis de feux d’avertissement, soit un total de 207 pour le constructeur.

Sur les 191 incidents, l’agence en a retiré 85 en raison d’actions d’autres véhicules ou de données insuffisantes pour évaluer de manière fiable et ferme la situation. Il en restait donc 106 qui ont été inclus dans l’enquête sur l’Autopilot. À titre de comparaison, General Motors a signalé trois accidents lorsque Super Cruise ou d’autres systèmes partiellement automatisés étaient utilisés.

Stellantis, anciennement Fiat Chrysler, a signalé deux accidents impliquant ses systèmes, tandis que Ford et Nissan n’en ont reporté aucun lorsque leurs systèmes de conduite partiellement automatisés étaient activés.

La fin des radars sur les véhicules Tesla en cause ?

Il faut tout de même rappeler que Tesla possède beaucoup plus de véhicules équipés de systèmes partiellement automatisés en circulation sur les routes américaines que la plupart des autres constructeurs. Leur nombre atteint 830 000. Par ailleurs, la firme recueille des données en temps réel sur ses véhicules, ce qui lui permet de disposer d’un système de rapport beaucoup plus rapide et complet que ses homologues.

Les autres marques doivent en effet attendre que les rapports leur parviennent et n’ont donc, parfois, pas connaissance des accidents avant plusieurs mois. Malgré ces éléments qui sont à prendre en compte, la différence dans le nombre d’accidents rapportés est frappante, et pourrait pointer du doigt un souci avec l’Autopilot de Tesla, dont Elon Musk s’efforce de vanter les mérites mais qui ne semble pas convaincre à 100 % outre-Atlantique.

Le volant d'un véhicule Tesla.

Le système Autopilot détecte les mains du conducteurs sur le volant. Photographie : David von Diemar / Unsplash

Raj Rajkumar, professeur d’ingénierie électrique et informatique à l’université Carnegie Mellon, qui étudie les véhicules autonomes, a déclaré qu’il ne serait pas surpris si l’on découvrait que Tesla a eu un nombre élevé d’accidents impliquant ses systèmes d’aide à la conduite. Tesla a en effet cessé d’utiliser des radars dans son système et s’appuie uniquement sur des caméras et des ordinateurs, un système que l’expert qualifie de « fondamentalement dangereux ». En effet, l’ordinateur du système ne peut reconnaître que ce qui est dans sa mémoire. Dans cette optique, les feux clignotants d’un véhicule d’urgence pourraient confondre le système, comme tout ce que l’ordinateur n’a pas observé auparavant.

« Les véhicules d’urgence peuvent avoir une apparence très différente de toutes les données sur lesquelles le logiciel Tesla a été formé », explique-t-il à ABC News.

Tesla ciblé par les critiques dans le secteur de la conduite autonome

Tesla est la cible de critiques dans le domaine de la conduite autonome depuis pas mal de temps. En effet, son choix de nommer son système « Full-Self Driving » est loin de faire l’unanimité car le dispositif ne garantit pas la conduite autonome comme son nom semble le suggérer. Plusieurs voix se sont élevées par rapport aux noms donnés par Tesla à ses différents systèmes de conduite assistée, qui peuvent créer la confusion chez les conducteurs.

En effet, Tesla rappelle qu’il ne s’agit pas de systèmes entièrement autonomes et que les conducteurs doivent être vigilants, mais le nombre d’accidents enregistrés peut soulever des questions. La firme rappelle par ailleurs que l’Autopilot détecte les mains sur le volant pour s’assurer que les conducteurs sont attentifs. General Motors, de son côté, surveille les yeux du conducteur à l’aide d’une caméra pour s’assurer qu’il bien regarde devant lui, un système qui paraît plus sûr.

Les résultats officiels communiqués par la NHTSA devraient tomber dans les prochains jours, et on peut s’attendre à ce que les autorités ordonnent à Tesla d’apporter des changements à ses différents systèmes d’aide à la conduite.