Alors que de nombreuses personnes ont encore du mal à saisir ce que représente précisément le Web3, Jack Dorsey a décidé de passer à l’étape supérieure. Le cofondateur de Twitter, à la tête de Block, une entreprise spécialisée dans les services financiers liés à la Blockchain, a annoncé, le 10 juin, son nouveau projet : le Web5.

Quels sont les objectifs du Web5 ?

Décentraliser davantage Internet, c’est l’ambition de Jack Dorsey avec le Web5. La nouvelle plateforme web reposera sur une seule blockchain, celle du Bitcoin. Elle offrira aux développeurs la possibilité de concevoir des applications décentralisées de façon à mettre les utilisateurs au cœur de celle-ci. Il s’agit de la fusion entre l’aspect social du Web2 où l’internaute participe aux développements des applications et la décentralisation du Web3 à l’aide de la technologie de la blockchain.

Propulsé par TBD54566975, une filiale de Block qui facilite l’introduction au Bitcoin et à la blockchain sans intermédiaire, le Web5 ne se servira pas d’« utility tokens ». Ces « jetons utilitaires » promettent l’accès à de futurs produits ou services, ils font office de clés permettant à l’acheteur d’accéder aux prochains produits d’une entreprise. Leur absence de la plateforme est essentielle selon Mike Brock, responsable de TBD. Elle garantira une totale autonomie de l’Internet et empêchera les sociétés de capital-risque de s’enrichir sur les futurs utilisateurs.

Dans un slide de présentation, TBD présente le Web5 comme « une plateforme Web décentralisée qui permet aux développeurs d’utiliser des identifiants décentralisés, des justificatifs vérifiables et des nœuds Web décentralisés pour écrire des applications Web décentralisées. Le but étant de rendre aux individus la propriété et le contrôle de leur identité et de leurs données ».

Alors qu’il n’existe pas encore vraiment, Jack Dorsey veut supplanter le Web3

Jack Dorsey a critiqué le Web3 à de multiples reprises. Il accuse la nouvelle et jeune version du web de permettre aux entreprises de capital-risque, comme a16z, d’exploiter les utilisateurs à l’aide de projets crypto incertains dans lesquels elles investissent. En décembre dernier, il tweetait « personne ne possède le “Web3”. Ce sont les sociétés de capital-risque et les partenariats limités qui en sont les propriétaires. [Le Web3] n’échappera jamais à leurs incitations. C’est finalement une entité centralisée avec un label différent. Renseignez-vous dans quoi vous vous engagez ». Pour lui, le Web3 est déjà beaucoup trop centralisé.

C’est dans l’optique de placer les utilisateurs comme les acteurs principaux d’une plateforme décentralisée qu’a été pensé le Web5. TBD a expliqué à Coindesk que « l’identité et les données personnelles sont devenues la propriété de tiers. Le Web5 apporte un stockage décentralisé de l’identité et des données dans les applications des utilisateurs. Il permet aux développeurs de se concentrer sur la création d’expériences agréables tout en rendant aux individus la propriété de leurs données et de leur identité ».

Finalement, pour Mike Brock, c’est « avant tout une discussion autour du but précis pour lequel sont construites les technologies ». D’après lui, l’usage actuel des blockchains et de la location d’espace de bloc n’est pas le bon moyen pour créer des applications décentralisées. « Je pense que ce que nous mettons en avant avec le Web5 – et j’admets que c’est un défi important qui comporte énormément d’hypothèses sur ce que signifie décentraliser l’Internet – c’est en fait un retour aux sources. Nous avons déjà des technologies qui décentralisent efficacement : bittorent et Tor existent déjà ! ».

Jack Dorsey et la filiale de son entreprise TBD veulent créer une véritable plateforme Internet décentralisée. Celle-ci est en cours de développement et personne ne sait concrètement à quoi va ressembler cette nouvelle version du Web. Aucun calendrier n’est à ce jour disponible.