À l’occasion d’une conférence organisée le 9 juin par l’Association française des professionnels des titres (AFTI), au sujet des enjeux des réglementations européennes concernant la blockchain et les crypto-actifs, la direction générale du Trésor a fait part de ses ambitions pour la France. L’idée est de « faire de Paris la capitale de l’innovation » en matière de cryptomonnaies et de finance décentralisée.

Paris : capitale de l’innovation en matière de crypto-actifs ?

Selon Pierre Chabrol, le sous-directeur du financement des entreprises et du marché financier à la direction générale du Trésor, « MiCA est une occasion unique d’imposer la France dans le paysage mondial des crypto-actifs et de renforcer la place de Paris ». La réglementation MiCA, pour Market in crypto assets, est une proposition européenne en cours de discussion.

L’objectif de celle-ci est d’encadrer dès 2024 le marché de la cryptomonnaie sur les territoires européens. Cette proposition s’axe autour de 4 points : la création d’une sécurité juridique grâce à un cadre légal, le soutien de l’innovation, la protection des consommateurs et la garantie de la stabilité financière. Son entrée en vigueur est estimée à l’heure actuelle à fin 2023, début 2024.

La direction générale du Trésor a donc profité de ce temps fort pour faire part de ses ambitions au sujet de l’écosystème des crypto-actifs. Pour Pierre Chabrol, la position française consiste à trouver le subtil équilibre entre le « soutien affirmé à l’innovation, la maîtrise des risques et la mise en œuvre d’une concurrence loyale entre les acteurs du secteur ».

Il précise que le fait que la réglementation française ait inspiré ce texte européen « pionnier au niveau international », est une opportunité d’accroître l’attractivité de la place de Paris dans les services financiers. Il estime que la capitale française peut devenir un véritable hub d’innovation et sous-entend que la France est légitime pour donner la marche à suivre dans le domaine des crypto-actifs.

Le dynamisme de la fintech française

Pour y parvenir, la France peut compter sur un autre règlement en cours d’adoption à l’échelon européen. Il s’agit du « régime pilote pour les infrastructures de marché reposant sur la blockchain ». Ce deuxième texte a pour objectif de créer un cadre réglementaire transitoire destiné à « tester l’utilisation des technologies blockchain dans les infrastructures de marché ».

Nous allons bientôt pouvoir en profiter car il devrait entrer en vigueur fin 2022. Pierre Chabrol complète ses propos en affirmant qu’il est « intéressant d’avoir cette possibilité d’engager des expérimentations, qui puissent atteindre un niveau de développement industriel, dans un cadre sécurisé. Il s’agit d’une étape assez cruciale ».

Il faut bien reconnaître que depuis le Brexit, la France ne ménage pas ses efforts pour attirer les capitaux et les sociétés financières. Notre pays a de nombreux atouts. En effet, l’écosystème des crypto-actifs mise sur l’existence d’un pool de talents en mathématique et en finance quantitative sur les pôles de Paris-Saclay et de La Sorbonne, ainsi que sur la « diversification des acteurs de place ».

Enfin, le dynamisme de l’entrepreneuriat français dans les fintech et la cryptomonnaie (à l’image de Sorare et Ledger) peut permettre à Paris « d’occuper une place incontournable dans le domaine des crypto-actifs ».