Chen Wenling, économiste en chef du Centre chinois pour les échanges économiques internationaux, think tank pékinois, s’est exprimé fin mai sur l’importance de TSMC pour la Chine. Selon elle, si les États-Unis infligent des sanctions économiques à la Chine, similaires à celles que subit actuellement la Russie, le pays devrait s’emparer du fabricant de puces basé à Taïwan. L’approvisionnement en semi-conducteurs de l’entreprise taïwanaise est vital pour l’industrie chinoise.

« récupérer Taïwan et se saisir de TSMC »

Taïwan représente 61 % de la capacité mondiale de production des semi-conducteurs gravés en 16 nm ou moins, soit les modèles les plus avancés. La Chine qui considère que l’île lui appartient, n’a produit qu’un sixième des puces utilisées par sa propre industrie en 2021, précise The Register. Cela renforce son désir de s’approprier le leader mondial du secteur, TSMC. L’entreprise intéresse également les États-Unis qui ont financé la construction d’une usine du fabricant taïwanais à Phoenix dans l’Arizona. L’Oncle Sam ne cherche pas seulement à rapprocher sa chaîne d’approvisionnements en puces, il veut aussi en restreindre l’accès à la Chine.

C’est dans ce contexte de tension entre les deux puissances que l’économiste Chen Wenling affirme que les États-Unis cherchent à isoler la Chine. Même si elle appelle à un apaisement pour éviter une confrontation qui mènerait à un « désastre pour l’humanité », elle invite la Chine à se prémunir contre l’affaiblissement de sa chaîne d’approvisionnement. L’Empire du Milieu doit « préparer sa stratégie pour faire face aux insistances des États-Unis, qui veulent garder la chaîne pour eux ».

Elle explique que si les États-Unis et ses alliés décident d’imposer des sanctions à la Chine, à la hauteur de celles infligées à la Russie, le pays devra « récupérer Taïwan et se saisir de TSMC, une entreprise qui appartenait initialement à la Chine ».

Des sanctions si la Chine entame des actions hostiles

Malgré la gravité de ces préconisations, dans un contexte d’animosité qui perdure entre la Chine et Taïwan, l’économiste suggère d’agir uniquement en représailles directes des menaces contre la sécurité économique du pays. Elle ajoute qu’il n’y a aucune raison de croire à de telles sanctions de la part des Américains pour le moment, à moins que la Chine ne lance des hostilités contre un autre pays. Avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les occidentaux s’inquiètent que la Chine puisse faire de même avec Taïwan.

Si la Chine devait entamer des actions agressives contre Taïwan, dans son objectif de réunification, le pays ne pourrait probablement pas mettre la main sur TSMC. Comme le rappelle The Register, la stratégie préconisée dans ce cas de figure serait celle de la terre brûlée. Taïwan aurait intérêt à détruire ses usines de semi-conducteurs pour priver la Chine de sa principale source d’approvisionnement. Cette décision jouerait en faveur des États-Unis qui construisent de plus en plus d’usines de puces sur leur sol.