Une main-d’œuvre hautement qualifiée, des coûts du travail et de l’énergie compétitifs, une fiscalité avantageuse et des capitaux en recherche d’investissement : Le Kazakhstan ne manque pas d’atouts pour devenir une pépinière à start-up.

Et les géants californiens ne s’y sont pas trompé : il y a quelques mois, l’une des plus grandes plateformes d’accompagnement d’entreprises innovantes au monde, le « Plug and Play Tech Center », annonçait ouvrir de nouveaux bureaux à Nur-Sultan, la capitale du Kazakhstan. Objectif affiché : profiter du boom économique et technologique du pays pour multiplier les investissements dans des start-up kazakhstanaises prometteuses.

Et le 17 mai dernier, c’était au tour de l’incubateur « Google for Start-up » de poser ses valises au Kazakhstan, en nouant un partenariat particulier avec « Astana Hub », une véritable pépinière de jeunes entreprises positionnées dans les nouvelles technologies. Des start-up nationales, mais venant aussi des pays voisins, comme l’Ouzbékistan, l’Azerbaïdjan, la Chine ou la Russie, toutes attirées par le climat des affaires très favorable.

Pour les autorités locales, l’arrivée d’un poids lourd comme Google marque une étape de franchie sur la longue route qui doit faire du pays une puissance incontournable des nouvelles technologies. Il faut dire que le Kazakhstan n’a pas économisé ses efforts pour attirer les investisseurs et les ingénieurs internationaux : privilèges fiscaux, droit commun anglais, régime de visa simplifié, facilités pour créer son entreprise…

Le pays fait tout pour être attractif aux yeux des acteurs de l’économie numérique et les premières réussites commencent à percer. L’Astana Hub, crée en 2018, accueille et accompagne désormais plusieurs dizaines de sociétés dont certaines sont déjà sur le marché, comme la jeune pousse « OQUDA » qui développe une plateforme de réservation de cours de langues, « 1sport » qui travaille sur une solution d’organisation en temps réel de tournois amateurs de sport, ou encore « Foodlist » qui aide les entreprises à automatiser leurs approvisionnements en biens alimentaires.

Une startup a récemment tiré son épingle du jeu : « Accessible Kazakhstan ». Cette dernière propose une application mobile et un site Web qui fournissent des informations sur l’accessibilité des installations publiques pour les personnes à mobilité réduite. Les utilisateurs peuvent ainsi planifier les itinéraires les plus sûrs pour eux-mêmes dans plus de 21 000 lieux. Une solution particulièrement novatrice puisque, le 29 avril, l’UNICEF l’a reconnue comme étant le « premier bien public numérique » en Asie centrale.

Un coup de projecteur qui participe à la renommée de ces jeunes structures qui ciblent en priorité le marché asiatique, mais qui peuvent potentiellement viser les continents américain ou européen.

L’arrivée de Google for Startups au Kazakhstan

Grâce à de tels projets, l’Astana Hub fait de l’œil aux plus grands. Et son dernier partenaire en date, le Google for Startups (GSF) a décidé de poser ses valises en Asie centrale pour ouvrir deux programmes d’accélération à destination de quinze startups dûment sélectionnées. Les jeunes pousses retenues seront accompagnées dans leurs processus commerciaux, leurs levées de fonds et, surtout, le fameux « passage à l’échelle » de leurs solutions. Ils bénéficieront, à ces égards, du savoir-faire de Google sous la forme d’accompagnements personnalisés, ainsi que d’ateliers techniques animés par divers experts.

Il va sans dire que pour l’Astana Hub et les autorités kazakhstanaises, ces partenariats américains sont autant de preuves de la crédibilité de leurs ambitions. Des ambitions économiques et financières, mais aussi géopolitiques : s’affirmer comme un acteur influent dans les nouvelles technologies.

Car sous l’impulsion du président Kassym-Jomart Tokayev, l’Astana Hub collabore depuis 2019 avec des entreprises étrangères. Aujourd’hui, l’incubateur accueille près de 641 sociétés, dont 70 ne sont pas kazakhstanaises (russes, chinoises, coréennes, émiraties, britanniques…).

Une « internationalisation » qui s’est vite avérée encourageante : en deux ans et demi, les startups du centre ont engrangé l’équivalent de 370 millions d’euros et, pour le seul troisième trimestre 2021, ont exporté des services technologiques d’une valeur totale de 115 millions d’euros.

Le Kazakhstan réussira-t-il à s’imposer comme une « smart nation » à l’instar de l’Estonie où d’Israël, qui ont fait des entreprises du numérique le fer de lance de leur économie et de leur influence à l’international ? Réponse dans les prochaines années.