Une récente enquête menée par Polytechnic Institute suggère que 90% des personnes ayant utilisé des services de livraison en ligne durant la crise sanitaire pourraient revenir à leur mode d’achat initial. Le vent tourne pour le secteur de la livraison à domicile.

Des licenciements dans le secteur de la livraison

L’âge d’or des sociétés de livraison à domicile est-il terminé ? Leur croissance a été fulgurante : en 2020, Instacart a par exemple constaté une augmentation de 500% des commandes. Son chiffre d’affaires a rapidement atteint les 1,5 milliard de dollars. Dans le même temps, Gorillas a levé 290 millions de dollars. Positionnée exactement sur le même segment de marché, la start-up berlinoise Flink a également levé 750 millions de dollars. Un financement qui lui a permis d’atteindre une valorisation de 2,85 milliards de dollars. Enfin, Gopuff, une entreprise américaine aujourd’hui valorisée à 15 milliards de dollars, avait levé en 2020 1 milliard de dollars.

Il y a à peine quelques mois, 60% des consommateurs américains ont déclaré qu’ils achetaient des produits d’épicerie en ligne, contre 36,8 % en 2019. Cependant, il s’agit d’un marché est extrêmement volatil. Au fil de leur développement et de leur structuration, les acteurs du marché ont augmenté les frais de livraison. C’est par exemple le cas de DoorDash qui impose des frais à toutes les parties pour couvrir ses coûts de fonctionnement. Le modèle de la livraison de nourriture à domicile fonctionne lorsque les marges ou les frais de livraison sont élevés. Cela ne pourra pas rester un modèle quotidien à bas prix. En réalité, c’est en train de devenir une activité de luxe.

Inventer un nouveau modèle pour survire

Depuis quelques mois, avec le changement de comportement des consommateurs, les investisseurs ont commencé à examiner de près la rentabilité et les flux de trésorerie des entreprises dans lesquelles ils ont investi. Ce que les économistes redoutaient est en train d’arriver… Les entreprises de livraison licencient à tour de bras. Selon plusieurs experts du marché, « les licenciements et le gel des embauches ne font que commencer et vont probablement empirer durant les prochains mois ».

Ils estiment que « c’est l’histoire qui se répète ». Dans les années 90, la société californienne Webvan, l’une des premières entreprises de livraison rapide de produits alimentaires, a été évaluée à 7,9 milliards de dollars avant de faire faillite. À l’époque, ses rivales Kozmo et Urbanfetch ont fait faillite après avoir accumulé les pertes.

L’inflation ne fait qu’aggraver les difficultés auxquelles les startups de livraison sont confrontées. Les prix des denrées alimentaires augmentent. Pour survire, les acteurs du marché vont devoir faire évoluer leurs offres. Certaines entreprises sont déjà en train de repenser leur modèle. Jokr et Buyk introduisent des délais de livraison plus longs afin d’exécuter plus de commandes par trajet.

Avant de mettre la clé sous la porte, Fridge No More cherchait à obtenir une licence d’alcool et à investir dans des produits de marque privée pour ses clients. FastAF, un nouveau venu dans le secteur de la livraison, se spécialise dans les articles de luxe et de prix élevé. C’est simple : les entreprises de livraison vont devoir trouver un modèle qui fonctionne, sinon elles ne ne tiendront pas.