À Albany, capitale de l’État de New York, le Sénat local a voté le vendredi 3 juin en faveur d’une loi pour l’interdiction du minage de cryptomonnaies basées le système énergivore de la « preuve de travail ». C’est maintenant à Kathy Hochul, la gouverneure démocrate de l’État, de promulguer le texte ou de poser son véto. Une partie du secteur redoute que l’exemple New-Yorkais soit suivi dans d’autres territoires américains.

Le minage, énergivore, se heurte aux objectifs climatiques de New York

Depuis que la Chine a formellement interdit le minage de cryptomonnaie, à l’été 2021, les États-Unis ont été propulsés à la première place du classement des pays d’accueil du secteur. L’État de New York avec ses infrastructures industrielles désaffectées et un climat froid représente un eldorado pour les mineurs déracinés.

C’est tout ce qu’ils cherchent, de vastes entrepôts pour les ordinateurs et de la fraîcheur pour limiter les dépenses en énergie. C’est le gros problème de l’activité. Pour valider les transactions et créer de nouveaux jetons, que ce soit de bitcoin ou d’autres cryptomonnaies fonctionnant à la « preuve de travail », les ordinateurs doivent tourner en permanence pour résoudre des algorithmes.

Une activité particulièrement énergivore, encore très dépendante d’énergies fossiles. C’est cette raison qui a poussé les législateurs de New York à envisager son interdiction, à l’image de la Chine ou de la Suède. L’État vise à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 85% d’ici 2050.

L’Assemblée locale a voté la loi en avril. Les derniers sénateurs démocrates encore indécis, à cause de potentiellement répercussions sur l’emploi, ont finalement suivi. Cette loi, si elle est promulguée par la gouverneure, va entraîner une étude d’impact environnemental du minage de cryptomonnaie.

Elle va surtout mettre en œuvre un moratoire de deux ans sur les opérations de minages utilisant la « preuve de travail » alimentée par des énergies carbonées. Durant cette période, aucun nouvel acteur ne pourra arriver sur le marché et ceux déjà en place seront empêchés d’étendre leur activité ou renouveler leur permis.

Une réflexion sur les actifs numériques est en cours à l’échelle fédérale

Une mesure contre-productive pour les détracteurs de cette loi. CNBC rapporte que le minage est déjà, plus que dans d’autres états basés sur des énergies propres. Selon l’US Energy Information Administration, un tiers de la production énergétique de l’État est renouvelable, notamment grâce à l’hydroélectrique.

Des mineurs du territoire envisageraient déjà de plier bagage pour en rejoindre d’autres, plus accueillants, comme la Géorgie, la Caroline du Nord, le Dakota du Nord, le Texas ou le Wyoming. Le secteur craint surtout que New York, État précurseur dans l’encadrement du minage, serve d’exemple à d’autres.

Au niveau fédéral, Joe Biden a signé un premier décret sur les actifs numériques au sens large, en mars. Il exige du Bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison-Blanche une série de recommandations sur les technologies liées à la blockchain d’ici septembre, notamment en matière environnementale. Elle pourrait aboutir sur une législation fédérale encadrant le secteur.