Il y a tout juste un an, Didi Global, le Uber chinois, entrait en Bourse à New York, malgré la désapprobation de Pékin. Dans les jours qui ont suivi, une enquête de cybersécurité a été ouverte contre l’entreprise et ses applications ont été suspendues, faisant plonger le cours d’une société en pleine croissance. Selon les informations du Wall Street Journal du 6 juin, tout devrait rentrer dans l’ordre.

Un an d’enquête pour des résultats mitigés

Un ouf de soulagement a dû résonner dans les bureaux de Didi Global. Depuis juillet 2021 l’entreprise est accusée d’avoir récolté illégalement les données personnelles de ses utilisateurs. La sécurité nationale de la Chine avait été invoquée au début de cette affaire.

L’Administration du cyberespace chinoise (CAC) avait envoyé des enquêteurs dans les bureaux de l’entreprise pour interroger ses cadres, éplucher ses dossiers, des courriels et la messagerie interne des employés.

D’après le Wall Street Journal l’enquête devrait être clôturée dans la semaine. Didi et deux autres sociétés ayant subi le même sort en ont été informés il y a plusieurs jours. Les applications de l’entreprise vont pouvoir faire leurs retours dans les boutiques dédiées et de nouveaux utilisateurs vont pouvoir être recrutés.

L’enquête n’aurait rien dévoilé de substantiel, mais Didi risque tout de même de recevoir une amende plutôt sévère. Les deux autres organisations concernées, la plateforme logistique Full Truck Alliance et la société de recrutement en ligne Kanzhun devraient être plus épargnées. Elles vont probablement offrir 1% de participation à l’état et donner un rôle de décision à des représentants du gouvernement.

Cette longue procédure a fait extrêmement mal aux trois entreprises. FactSet rapporte que leur capitalisation boursière cumulée était de 115 milliards de dollars le 1er juillet 2021, elle est désormais de 25 milliards de dollars.

C’est en voulant absolument intégrer la bourse de New York que Didi avait suscité la colère de Pékin. En octobre le CAC a suggéré à la société de quitter la côte Est américaine pour se rapprocher de la bourse de Hong Kong.

En avril, Didi a officialisé cette décision. En mai les actionnaires de l’entreprise ont voté en faveur du départ de New York. La direction de Didi expliquait alors qu’elle irait sur le marché hongkongais lorsque l’enquête du CAC serait achevée. C’est désormais le cas.

Le parcours de Didi, allégorie de deux années de répression de la tech chinoise

L’affaire Didi est devenue un symbole de la répression de la Chine contre son secteur numérique, au même titre qu’Alibaba. Le gendarme de la bourse américain, la Securities and Exchange Commission (SEC), réclame des audits plus complets aux entreprises chinoises présentent à New York. Pékin, au contraire, a considéré que ses demandes englobaient des données relevant de sa sécurité nationale. Didi s’est retrouvé au centre du bras de fer.

Depuis, la situation s’est apaisée. La SEC et les autorités chinoises négocient un accord. Plus largement, le pouvoir chinois a décidé de mettre en pause la pression réglementaire ébranlant son secteur technologique depuis fin 2020.

En avril, à l’occasion d’un Politburo, le président Xi Jinping a déclaré son soutien à un « développement sain » des entreprises chinoises du numérique. Un mois plus tard, la Conférence consultative politique du peuple chinois, l’organe consultatif le plus important de l’Empire du Milieu, est allée dans le même sens en présence de dirigeants de la Tech.

Cette détente, dont Didi est de nouveau l’emblème, est liée à la situation économique en Chine. La politique « zéro covid » du gouvernement a ébranlé le pays. Une mauvaise nouvelle pour Xi Jinping qui pourrait briguer un troisième mandat à l’occasion du XXe Congrès du Parti communiste chinois, à l’automne 2022. Didi et les autres représentants du secteur devraient profiter de cette « pause » pour souffler.