Depuis 2020, Bolk s’affaire à développer une machine qui pourrait rabibocher les collaborateurs avec les distributeurs de nourriture. Après de nombreux mois de recherche et développement, Bolk propose aux entreprises une cantine robotisée, capable de préparer un large choix de recettes en un temps record.

Une offre calibrée

Le nom de Bolk est simple, tiré de la contraction de deux mots : bol, et bulk (vrac en anglais). Sa place dans les bureaux sera facile à trouver, l’appareil occupant 2m3. Un volume à peine plus grand qu’un distributeur classique. Chez Veepee, où Bolk a déjà installé une de ses machines, les collaborateurs peuvent choisir parmi 10 recettes, changées chaque semaine. Ils ont également accès à une deuxième option permettant de personnaliser leur plat, de la base jusqu’au topping.

« L’enjeu est de répondre à tous les besoins en entreprise. Pour les entreprises de 200 à 500 personnes, nous nous positionnons en solution unique. Au-dessus de 500 personnes, nous arrivons en complément de la cantine, notamment comme solution disponible 24 heures sur 24, » précise Nicolas Jeanne, PDG et fondateur de Bolk, à Siècle Digital.

Quinoa, lentilles, viande, fromage, carottes, pommes de terre, salade, sauces… Les combinaisons sont nombreuses et une équipe produit teste de nouveaux ingrédients chaque semaine afin de développer d’autres recettes. Bolk propose déjà 300 plats chauds, froids, salés, sucrés, servis en 45 secondes, le tout pour 7 € en moyenne. Un prix de vente qui revêt une importance particulière pour l’entrepreneur. « Bien manger, en tout cas sur Paris, cela peut coûter entre douze et quatorze euros par repas. (…) Il y a une minorité de personnes qui mange bien, et pour moi, la différence se fait au niveau du prix. ».

Un bol de poulet satay préparé par la cantine robotisée de Bolk

Un bol de poulet satay préparé par la cantine robotisée de Bolk. Photographie : Bolk.

Consciente que le prix ne fait pas tout, l’entreprise se veut également accessible dans l’utilisation de sa cantine robotisée. Quand des applications comme Deliveroo ou Uber Eats rendent la malbouffe plus onéreuse, mais à portée de clics, il lui était important d’offrir une alternative rapide, simple, et pas cher.

Une robotique soignée

L’usage est peut-être simple de l’extérieur, mais à l’intérieur, la robotique est le fruit de trois années de recherche et développement. « Nous en sommes à la troisième version industrialisée, (…) avec des dépôts de brevets sur l’ensemble des continents » poursuit le fondateur. Hardware, software, électronique, tout y passe pour l’équipe de 15 ingénieurs, dirigée par Ludovic Houchu, CTO de Bolk, anciennement à la tête du développement des robots Pepper et Nao chez Softbank Robotics.

Une machine de Bolk dans l'atelier de développement

Après trois versions, le dernier modèle de Bolk est la version « quasi-définitive ». Photographie : Bolk.

Ensemble, les ingénieurs ont dû répondre à des contraintes à la fois techniques et sanitaires. Par exemple combiner une partie frigo à trois degrés – maintien de la chaîne du froid oblige – avec une partie composants électriques – sensibles à l’humidité – dans un espace réduit.

Une autre difficulté à traiter réside dans l’écoulement des aliments. Tous n’ont pas la même consistance, le même volume, ou encore le même vieillissement, « la complexité est que ces ingrédients doivent tous sortir de la même manière dans le bol. Nous sommes, pour l’instant, les seuls au monde à y arriver. »

Le fonctionnement du robot de Bolk repose aussi sur une grosse partie software, « c’est la partie immergée de l’iceberg ». Grâce à une trentaine de capteurs, toutes les cantines robotisées remontent des données à l’entreprise : les stocks, les commandes, les températures…

Le modèle Bolk

Si la tech est l’activité la plus évidente, Bolk surfe également sur un autre métier, celui de la restauration, « Nous avons nos cuisines, nos livreurs, et nos cuisiniers ». Afin d’avoir des dates limite de consommation (DLC) plus longues, l’entreprise se charge de préparer l’ensemble des ingrédients dans ses cuisines. « Tous nos produits sont validés par un cabinet d’audit d’hygiène » assure le PDG de Bolk. Cette organisation lui permet de ravitailler ses clients entre 2 et 4 fois par semaine.

L’entreprise bénéficie ainsi de deux lignes de revenus. La première, c’est le forfait mensuel payé par une entreprise pour avoir une ou plusieurs machines chez elle. Il prend en compte l’installation, le ravitaillement, la maintenance… Les plats et consommations payés par les collaborateurs constituent la seconde ligne de chiffre d’affaires.

En maîtrisant toute sa chaîne de valeur, l’entreprise bénéficie d’un modèle économique inédit. « Si vous mangez Bolk, je sais combien vous avez payé, et je sais exactement combien ça m’a coûté. Dans la restauration, c’est une petite révolution. »

Après un développement discret dans plusieurs scale-ups, mais aussi dans les bureaux de grands groupes, l’entreprise gagne aujourd’hui en visibilité. Nicolas Jeanne reconnaît un véritable attrait, et un timing optimal. « L’arrivée du télétravail a remis en cause beaucoup de modèles de restauration collective traditionnels ». Avec des installations chaque mois depuis le début de l’année, « L’objectif sur la fin d’année, c’est de mettre une quarantaine de Bolk sur Paris et région parisienne ».

Une machine de Bolk prise de côté

Photographie : Bolk.

Dans les semaines à venir, la jeune pousse devrait annoncer une nouvelle levée de fonds. Elle lui permettra de se développer dans le reste de la France, et pourquoi pas en dehors de bureaux. « Il y a d’autres verticales à adresser », notamment l’hôtellerie, les salons, les stations-service, mais aussi les hôpitaux ou les universités.

La cantine robotisée de Bolk étant à présent dans une version quasi définitive, ses ingénieurs commencent à imaginer d’autres nouvelles solutions avec toujours le même dessein : offrir de bons produits à un prix accessible. C’est le but d’autres entreprises comme Cala qui propose un restaurant de pâtes entièrement robotisé. Pour Nicolas Jeanne, « les anciens modèles économiques de la food n’ont pas forcément permis aux gens de mieux manger. Si la robotique n’est pas une finalité, elle permet de maîtriser beaucoup mieux sa chaîne de valeur et ses coûts, et de remettre cette valeur dans le plat. »