Tesla, l’entreprise d’Elon Musk, chantre de la liberté d’expression, a-t-elle surveillé ses employés sur Facebook pour les empêcher de se syndiquer dans les années 2017-2018 ? C’est ce qu’affirme une enquête de CNBC basée sur des documents internes. Une mission dont se serait acquitté un prestataire externe, l’agence de relation publique MWW.

Les employés de Tesla sous surveillance

Apple, Amazon depuis plusieurs mois des tentatives de création de syndicats se multiplient aux États-Unis. Les deux géants de la Tech ont mis des moyens importants pour l’empêcher, parfois à la limite de la légalité. Tesla est passé par là il y a quelques années.

Dans l’usine de Fremont, en Californie, des velléités de syndicalisation ont émergé en 2017 parmi les salariés. Aspiration très mal perçue par Elon Musk, qui a son habitude ne s’est pas privé de le dire sur Twitter. Un militant syndical, Richard Ortiz, a même été licencié cette année-là. Une décision contre laquelle s’est élevé le National Labor Relations Board, l’agence américaine chargée du droit du travail. La réintégration d’Ortiz a été exigée et il a été demandé à l’homme le plus riche du monde de supprimer certains de ses tweets. L’affaire est toujours en cours.

Selon CNBC Tesla aurait été encore plus loin. Selon des factures de l’entreprise à MWW, le cabinet de relation publique a reçu pour mission d’infiltrer et d’espionner des groupes Facebook d’employés de Tesla.

Deux éléments intéressaient particulièrement le constructeur automobile, les discussions sur des pratiques déloyales et une affaire de harcèlement sexuel. Plus largement MWW a été chargé d’identifier les efforts d’organisations, les meneurs des salariés et de développer un plan de communication autour de la potentielle création d’un syndicat.

Cette surveillance, les salariés en avaient manifestement conscience selon trois collaborateurs arrivés dans l’entreprise en 2018. Ils ont témoigné à CNBC que leurs collègues les ont immédiatement avertis de ne pas entrer en contact avec leur patron sur les réseaux sociaux et de ne pas rejoindre de groupes Tesla à moins qu’ils soient fermés et qu’ils en connaissent chaque membre et administrateur. Certains estiment que cette surveillance existe toujours.

MWW a expliqué avoir été « consulté par Tesla en 2017-2018 pour un vaste plan de communication avec les employés pendant une période de croissance rapide de la société. C’est une pratique courante d’examiner la couverture médiatique et la conversation sociale publique sur une entreprise pour avoir un aperçu des problèmes et des perceptions des parties prenantes sur la marque ».

L’antisyndicalisme d’Elon Musk

Les préceptes internes de l’entreprise indiquent clairement que les responsables de Tesla reçoivent comme consigne de ne pas visiter les profils de leurs subordonnés sauf pour une raison commerciale distincte. En revanche il est aussi précisé aux employés « Vous avez plus de chances de résoudre vos problèmes de travail en parlant directement avec vos collègues, votre superviseur ou un autre membre de la direction, ou en communiquant avec votre partenaire des ressources humaines ou en accédant à la ligne Intégrité de Tesla, qu’en affichant vos préoccupations sur Internet ».

Il n’y a, finalement, jamais eu d’élections syndicales à l’usine Tesla de Fremont. Les chances que les choses changent sont minimes, Elon Musk y est ouvertement hostile. Il a récemment déclaré sur son réseau préféré qu’il votera désormais républicain, car « le parti démocrate est excessivement contrôlé par les syndicats ».