Le PDG de Ford, Jim Farley, s’est exprimé le mercredi 1er juin, à New York, lors d’une conférence dédiée à la stratégie de l’entreprise. Il a annoncé que le constructeur allait totalement revoir sa manière de distribuer ses voitures électriques. La société veut diminuer les dépenses en réalisant moins de campagnes publicitaires. Elle souhaite surtout vendre l’intégralité de ses véhicules électriques en ligne pour les livrer directement aux consommateurs.

« Nous devons être 100% en ligne »

D’après Jim Farley, le modèle de distribution actuel des voitures électriques de Ford coûterait 2000 dollars de plus par véhicules que celui de Tesla. Un tiers de cette somme est lié à la gestion de l’inventaire et un autre tiers relève de la publicité. Pour le moment, le constructeur dépend encore de ses concessionnaires automobiles pour vendre ses véhicules électriques. Le dirigeant voudrait se calquer sur la vente en ligne directe utilisée par l’entreprise d’Elon Musk.

« Nous devons nous diriger vers des prix non négociables. Nous devons être cent pour cent en ligne. Il n’y aura plus d’inventaire chez les concessionnaires, les véhicules iront directement chez les clients. L’intégralité des livraisons se fera à distance », a déclaré Jim Farley. En s’éloignant des concessionnaires, Ford pourrait certes faire des économies, mais la mise en place d’une telle stratégie chamboulerait l’industrie automobile jusque dans ses fondations.

Dans la conjoncture actuelle, Tesla fait office d’anomalie par rapport aux autres constructeurs. L’entreprise d’Elon Musk vend ses voitures en ligne ou en passant par ses propres boutiques, ce qui lui permet de ne pas avoir recours à des concessionnaires.

Pourtant, les lois de certains États américains ont longtemps interdit aux constructeurs comme Ford de vendre directement aux clients, précise Ars Technica. Ces législations sont liées à la crainte que les constructeurs remplacent leurs prestataires pour prendre en charge eux-mêmes la chaîne de valeur d’un produit, de sa production jusqu’à la vente. Cela pourrait laisser de nombreuses entreprises sur la touche. Le PDG explique qu’il continuera à impliquer les concessionnaires dans le processus de distribution. Il ne rentre pas dans les détails, mais prévient qu’il y aura des « changements brutaux ».

Pour Ford, son modèle de distribution actuel est dépassé

« Notre modèle actuel est fichu. Nous dépensons 600 à 700 dollars par véhicule pour les promouvoir, et nous ne dépensons rien pour l’expérience consommateur après achat. Le problème, c’est que le secteur des pièces détachées est très profitable, mais nous n’avons que 10 à 20% des clients qui reviennent vers nous pour la maintenance de leur véhicule » développe le dirigeant de Ford.

Il ajoute ne pas voir l’intérêt de continuer à faire la promotion d’une voiture qui serait en rupture de stock. « Si vous voyez Ford Motor faire une publicité au Super Bowl pour nos voitures électriques, vendez vos actions », plaisante-t-il.

Ford souhaite produire 50% de véhicules électriques à l’horizon 2030. Pour y parvenir, le constructeur va investir 30 milliards de dollars et entamer un projet de construction de quatre nouvelles usines aux États-Unis. Ses ambitions, comme celles des autres constructeurs automobiles, se heurteront à d’autres difficultés dans les années à venir. La principale étant la rareté des matériaux nécessaires à la fabrication des batteries.