Le National Labor Relations Board (NLRB), agence fédérale américaine chargée de conduire les élections syndicales et d’enquêter sur les pratiques illégales dans le monde du travail, vient de déposer une plainte à l’encontre d’Amazon. Le géant de l’e-commerce est accusé d’avoir exercé des pressions sur ses salariés pour les empêcher de former un syndicat.

Des réunions antisyndicales organisées par Amazon

Dans l’entrepôt JFK8 d’Amazon à Staten Island, New York, où un syndicat a vu le jour au mois d’avril, l’entreprise aurait illégalement menacé ses employés de perdre leurs avantages sociaux et de retenir ou de réduire leurs salaires s’ils votaient en faveur de la syndicalisation. Les accusations visent principalement des réunions organisées par Amazon de novembre 2021 à mars 2022, qui consistaient à obliger les employés engagés dans des campagnes de syndicalisation à assister à des présentations ou à des discours antisyndicaux.

Il s’agit d’une tactique courante des entreprises qui s’opposent à la syndicalisation de leurs salariés. Comme le rapporte Vice, la plainte allègue que des consultants rémunérés se sont livrés à des tactiques antisyndicales telles que des réunions obligatoires, promettant aux employés un meilleur salaire et de meilleurs avantages s’ils votaient contre le syndicat, menaçant les employés d’un salaire et d’avantages revus à la baisse, ou d’un licenciement pur et simple s’ils votaient en faveur du syndicat. Ils assuraient également que les problèmes spécifiques des employés seraient abordés s’ils promettaient de voter contre le syndicat.

Par ailleurs, des messages, envoyés via la messagerie privée d’Amazon, auraient également fait figure de menace à l’encontre des employés, en leur promettant des salaires plus bas par exemple.

Amazon s’est dite opposée à la formation d’un syndicat

« Je pense que c’est historique. Je pense que cela va inverser des décennies de décisions antisyndicales », a déclaré Seth Goldstein, avocat de l’Amazon Labor Union, à propos de la plainte du NLRB. En effet, cette décision de la part de l’agence fédérale pourrait, à terme, mener à l’interdiction des réunions antisyndicales organisées par les entreprises, et qui vont à l’encontre du droit du travail.

Ce n’est pas la première fois qu’Amazon, dont les conditions de travail dans ses entrepôts ont souvent été décriées, est accusée de pratiques douteuses afin d’empêcher la formation d’un syndicat. En 2021, les employés de son entrepôt de Bessemer, en Alabama, ont organisé un vote pour former un syndicat. Finalement, la majorité des salariés ont voté non, mais Amazon serait intervenu afin d’influencer leur opinion.

Les efforts d’Amazon pour empêcher la formation du syndicat à New York ont échoué, mais la firme s’est verbalement opposée à sa création. D’ailleurs, elle n’a pas hésité à licencier des leaders syndicaux pour affaiblir le mouvement social.

La syndicalisation gagne du terrain outre-Atlantique

« Notre objectif reste de travailler directement avec notre équipe pour faire d’Amazon un endroit où il fait bon travailler. Les allégations de la plainte du NLRB sont sans fondement, et nous sommes impatients de le montrer à travers ce processus », a déclaré Amazon, qui semble donc prête à contester la plainte du NLRB. Cela mènerait l’affaire devant un tribunal, ce qu’espère l’avocat Seth Goldstein. Selon lui, cela permettrait de mettre la lumière sur ces réunions dont le but est d’empêcher les employés de se battre pour leurs droits.

La situation dans laquelle se retrouve Amazon peut faire écho à Apple. Les employés de la marque à la pomme expriment, eux aussi, leur envie de former des syndicats ; ce qui semble déranger l’entreprise. Plus généralement, de plus en plus de jeunes salariés s’intéressent à la syndicalisation alors qu’ils en étaient jusqu’alors éloignés. Cela s’explique notamment par la pandémie de Covid-19 et l’inflation des prix qui sévit actuellement dans le monde ; les employés ont besoin de salaires plus élevés pour vivre dignement.