Le destin de la « Suisse des semi-conducteurs », ARM, préoccupe Cristiano Amon, PDG de Qualcomm, le fabricant de puces américain. Le concepteur britannique de la plupart des puces fabriquées dans le monde est sur le point d’être introduit en bourse par son propriétaire SoftBank. Qualcomm craint que cela nuise à sa précieuse indépendance.
L’incontournable ARM
L’aventure ARM n’en finit plus. Après l’échec de son acquisition par Nvidia, grâce ou à cause de l’intervention des autorités antitrust Américaine, britannique, chinoise et européenne, SoftBank, décidée à vendre l’entreprise, envisage son introduction en Bourse.
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Qualcomm, l’un des plus gros clients d’ARM via ses puces Snapdragon qui équipent de nombreux smartphones, s’était déjà érigé contre le rachat par Nvidia. L’entreprise redoute la nouvelle solution envisagée par le géant japonais.
ARM occupe une position unique dans le domaine des semi-conducteurs. Cristiano Amon explique dans le Financial Times qu’il s’agit d’un « actif très important et c’est un actif qui va être essentiel au développement de notre industrie ».
La société, basée à Cambridge, conçoit des puces et vend ensuite ses licences aux fabricants. Par sa stratégie d’accorder largement ces licences aux entreprises, quelle que soit leur taille ou leur pays d’origine, ARM détient une propriété intellectuelle sur la plupart des puces fabriquées dans le monde.
Une position centrale d’autant plus significative que le monde peine à sortir d’une pénurie de semi-conducteurs qui dure. La demande devrait par ailleurs encore largement augmenter dans les années à venir.
Dès lors, sa prise de contrôle par un seul fabricant, en l’occurrence Nvidia est apparue comme un danger intolérable pesant sur la neutralité du concepteur. Selon Qualcomm, une introduction en Bourse serait une solution à peine préférable.
Le consortium rêvé par Qualcomm va être compliqué à mettre en œuvre
Pour garantir la neutralité d’ARM, Cristiano Amon a défendu auprès du Financial Times la création d’un large consortium de fabricant. Une proposition déjà avancée lors de l’épisode Nvidia. Pour le PDG « Il faudrait que de nombreuses entreprises participent à l’opération » pour qu’elle réussisse.
Pat Gelsinger, à la tête d’Intel, s’est prononcé en faveur de cette solution en février. Park Jung-ho, co-dirigeant du fabricant coréen SK Hynix a déjà expliqué, lors d’une réunion d’actionnaire, travailler à « la possibilité de former un consortium, avec des partenaires stratégiques, pour l’acquérir conjointement ».
Cristiano Amon n’aurait pas eu l’occasion d’aborder le sujet avec SoftBank pour le moment. Le groupe japonais met toute son énergie à mettre fin à une improbable révolte de l’ex-PDG de la filiale chinoise d’ARM, Allen Wu. Il doit également gérer les inquiétudes britanniques.
Plusieurs voix s’élèvent au Royaume-Uni pour garder ce bijou national au plus proche à la Bourse de Londres, plutôt qu’à New York, solution privilégiée par SoftBank.
Cette dernière souhaiterait, par ailleurs, rester l’actionnaire majoritaire d’ARM, une fois l’introduction en Bourse achevée. Une ambition incompatible avec celle de Qualcomm. SoftBank a promis de sceller l’avenir d’ARM avant la fin de l’année fiscale, le 31 mars 2023.